Avec son adaptation du célèbre roman de John Steinbeck, John Ford signe sans conteste son meilleur film et un drame amer d'une force incroyable.
Le récit est traversé par une émotion omniprésente qui nous émeut au plus profond de nous-même. Les excellents acteurs y sont d'ailleurs pour beaucoup, notamment Jane Darwell dans son rôle de Ma Joad, qui nous touche par ses simples regards et sa philosophie débordante d'humanité. Henry Fonda et John Carradine sont tout aussi excellents en pauvres bougres meurtris par la désillusion.
Les Raisins de la colère est une dénonciation tonitruante de la misère et de la bêtise humaine, sur fond d'industrialisation et de déshumanisation d'une Amérique pleine de faux-semblants et cruelle envers les plus démunis. L'histoire est d'autant plus poignante pour les spectateurs ayant des ancêtres qui ont connu le même sort que les héros, à savoir tout abandonner pour trouver une meilleure situation ailleurs, mais qui se sont finalement fait avoir (comme les Pieds-Noirs qui, à leur retour en France, se sont fait rejeter par leur propre peuple).
Ce film inoubliable, doté en plus d'une sublime mise en scène crépusculaire qui lui sied bien, est une magistrale leçon de vie qui nous montre qu'avec trois fois rien nous pouvons être heureux et satisfaits de notre sort, ce que notre société de consommation matérialiste ne nous permet plus aujourd'hui...