Ce qu'il y a de parfait dans les raisins de la colère, c'est cette absence de personnification du mal. Ce dernier est diffus, protéiforme, omniprésent: c'est la crise, l'absence de filet de protection des populations, et l'incarnation, sans état d'âme mais aussi sans personnalité haïssable, des nervis du capital.
A travers le portrait terrible d'une famille prise dans la tourmente de l'histoire, rien de larmoyant, condescendant ou facile. C'est dur mais terriblement passionnant et juste.
Finalement, la description la plus fidèle et terrifiante du vrai et unique MAL, passé présent ou futur: anonyme, et un peu partagé par chacun d'entre nous.
(Pour le reste, c'est du John Ford, avec du Henry Fonda: c'est donc visuellement sublime, humainement profond et déchirant, et magnifiquement joué. La routine quoi)