L'adaptation du roman de Steinbeck alors que le livre venait tout juste de sortir fut un combat non sans risque de la part de la Fox. Pour son regard cru sur l'exode rural des années 30 aux USA, le livre était déjà très controversé. Son sujet était tellement brûlant à l'époque (car l'écrivain l'avait écrit sur le vif en côtoyant les habitants des bidonvilles), que personne n'imaginait que le cinéma ai les couilles pour en faire une adaptation. C'est pourtant ce qui arriva avec Darryl Zanuck, qui en fit un combat personnel. Ironiquement c'est la commission de censure Hays qui lui donna envie de faire le film. Cette dernière lui téléphona un jour pour s'assurer qu'il n'envisager pas l'acheter les droits du roman que la MGM venait de refuser. Sa réaction fut: Si la MGM refuse, ça doit être un sacré bouquin ! Steinbeck était très méfiant envers le monde du cinéma et craignait que l'on aseptise son livre à l'écran. Mais il fut surpris lorsque Zanuck lui reprocha d'avoir minimisé les conditions d'hygiènes des bidonvilles. Le producteur avait envoyé des détectives vérifier les faits qu'il avait lu.
Le film dénonce l'intolérance des californiens envers les fermiers migrants et l'esclavagisme organisé par les propriétaires terriens. Le sujet aurait pu être un film de Capra, le cinéaste le plus représentatif des années du New Deal de Roosevelt, (alors que paradoxalement il était républicain), qui est d'ailleurs idéalisé dans le film par le camps sous direction gouvernementale. Mais John Ford en donna une vision bien plus sombre et dramatique que le style Capra.
Sortie en 1940, le film devint immédiatement suspect aux yeux du FBI sous la direction de McCarthy. Et quand ce dernier lança sa chasse aux communistes après guerre, Zanuck et John Ford furent interrogé à cause de ce film, qualifié alors de propagande communiste.
Chez les communistes justement, le film fut bien accueilli et eu même brièvement un visa d'exploitation en URSS. La commission de censure russe appréciant l'image dégradante du capitalisme qui en ressortait. Mais le film fut vite retiré des écrans, car certains spectateurs conclurent du film, qu'aux Etats-Unis, même les pauvres ont une voiture !!!
Si le roman (et le film) se passe durant la Grande Dépression des années 30, il faut malheureusement constaté que son sujet reste malheureusement toujours d'actualité et revient sans cesse dès qu'il y a un flot migratoire. Aux Etats-Unis, les latinos ont pris la place des Oakies du film et vivent toujours dans des bidonvilles en attendant de travailler aux récoltes. Mais on peut aussi extrapoler ce phénomène en Europe avec les flux migratoires venu des pays de l'Est où d'au-delà.