Dans la mouvance des films de bêtes énervées de la deuxième moitié des années 1970, Les Rats attaquent est une petite série B qui se défend. Si elle bénéficie d’une distribution dominée par d’illustres inconnus, cette production canadienne s’appuie sur un récit, certes mal amené, mais conduit avec efficacité. N’hésitant pas à jouer la carte du politiquement incorrect en offrant aux vilains rongeurs pour première victime un bébé, le film n’épargne ni les personnages sympathiques ni les représentants des diverses autorités. Le carnage annoncé a donc bien lieu et, à travers deux espaces bien choisis, à savoir une rame de métro et un cinéma, l’attaque des rats est mise en avant avec suffisamment d’intelligence pour être crédible.
Côté effets spéciaux, on est dans un film à petit budget mais le résultat est plutôt convaincant. Si la tête des rats les assimile à des bêtes enragées sorties tout droit du Muppet Show, leur représentation en meute fonctionne d’autant plus que le réalisateur n’abuse pas de plans répétitifs. Les prises en vue subjective confirment que Robert Clouse a révisé ses classiques avant de se lancer dans ce projet. Sa maîtrise des scènes d’action donne une plus-value à l’ensemble, d’autant plus que le film imprime un bon rythme. On ne saute pas les étapes pour tout sacrifier à l’attaque des rats et on s’évertue à présenter des personnages dont le sort va nous préoccuper lors du climax. Dommage que le récit soit à cette occasion si faible, les liens entre les différents protagonistes étant particulièrement maladroitement amenés et les personnages étant diversement exploités après avoir bénéficié d’une présentation soignée.
Méconnu, le film n’est pourtant pas plus mauvais qu’un autre sur ce type de sujets. On pourrait même avancer qu’il se défend plutôt bien et s’apparente à un sympathique divertissement. L’ensemble se prend peut-être un brin trop au sérieux mais évite les situations et péripéties ridicules qui plombent souvent ces petites productions. Dans la séquence au cinéma, Robert Clouse nous offre même une soirée spéciale dédiée au Petit Dragon avec affiches qui vont bien et projection du Jeu de la mort. Voir Bruce Lee et Kareem Abdul-Jabbar se mettre une trempe pendant que la salle est envahie de rats grouillants dévorant les spectateurs est une idée amusante propre à un cinéma d’exploitation qui sait divertir quand il est habilement mené. Les Rats attaquent fait partie de ces titres-là et aurait très bien pu connaître un joli succès dans les vidéo-clubs. Hélas pour lui, cela ne fut pas le cas.