Assan Kadam (Manish Dayal) fuit l'Inde avec sa famille, après le décès de sa mère dans un incendie, suite à un soulèvement de la population. Exilés en Angleterre, le climat et les légumes ne font pas leur bonheur. Ils décident de partir dans le Sud de l'Europe. Un accident de voiture, va les faire échouer dans la ville de Saint-Antonin-Noble-Val. Le père, Papa Kadam (Om Puri), décide de s'y installer et d'acheter une vieille bâtisse et d'en faire un restaurant indien. Mais juste en face, Madame Mallory (Helen Mirren), possède un restaurant de gastronomie française étoilé. La guerre va s'installer entre eux, alors qu'Hassan Kadam va tomber sous le charme de la sous-chef adverse, Marguerite (Charlotte Le Bon).
Durant deux heures, on se retrouve dans une version longue du journal de Jean-Pierre Pernaut sur TF1. Pour commencer, Hassan Kadam résume sa vie à un garde frontière hollandais : L'inde, c'est dangereux mais les épices sont savoureuses et en Angleterre, il pleut tout le temps et la nourriture n'est pas bonne. Ce début des plus simplistes, n'est pas très emballant. Cela ne s'arrangera pas en France, dans cette ville de campagne ou les habitants parlent tous anglais ou du moins, le comprennent. Ou les légumes sont comme dans les publicités : ils sont gros, brillants et délicieux. Ou les gens s'appellent : Marguerite, jean-Pierre, Paul ou Marcel. Ou le pain est fait maison, tout comme le fromage et l'huile d'olive. Nous sommes dans la France des années 50, tel que la voit les américains. il ne manquait plus que la baguette et le béret. En échange, on a Marguerite sur son vélo avec sa panière et sa robe à fleur, trop mignonne.
C'est une production Walt Disney, cela ne fait aucun doute. De plus, Oprah Winfrey et Steven Spielberg, sont les producteurs. Ils nous offrent une carte postale de cette France, qui sent bon le terroir, douce et chaleureuse, qui accueille une famille indienne, sans animosité. C'est beau, ça fait rêver, mais c'est du foutage de gueule. Certes, on a un semblant de racisme assez bref, juste pour marquer le coup, avec le désormais célèbre "La France aux Français". Ce qui est très drôle, vu qu'ils parlent anglais et travaillent pour une anglaise. C'est d'ailleurs Helen Mirren qui va nous faire une leçon de démocratie en nous rappelant que notre pays, c'est "Liberté, égalité, fraternité". Il ne manquerait plus qu'elle entame la Marseillaise, oh wait! On notera qu'Helen Mirren abuse du fond de teint, elle a presque un masque et durant les gros plans, c'est un peu gênant.
Cette version édulcorée de la France profonde, est ennuyeuse. Elle est aussi plate que la romance entre Manish Daval et Charlotte Le Bon, pourtant ils sont très bien tout les deux, ce qui est assez surprenant de la part de la seconde. Le casting sauve un peu l'ensemble, même si celui côté français, est un peu à la ramasse, à l'image de Michel Blanc, assez effacé, c'est étonnant. Les meilleurs moments se déroulant lors des scènes portées par la musique indienne, ou Lasse Halström se fait plaisir en enchaînant les plans séquences. C'est rythmé et presque enthousiasmant. Mais pour un film qui parle de cuisine, on reste un peu sur sa faim. C'est aseptisé, plat et l'épisode parisien, n'apporte vraiment rien à l'histoire. Puis c'est tellement cliché et convenu, qu'on n'est jamais surpris.
Les Recettes du Bonheur est un film qui se regarde, où le parfum des épices ne parvient jamais jusqu'à nos narines. Un produit totalement inoffensif, qui ressemblerait à un téléfilm de France 3, s'il n'y avait pas ce casting et Lasse Halström à la réalisation. Même si ce dernier est devenu un metteur en scène bien fade, qui a perdu son talent dans des productions souvent ennuyeuses et sans ambitions.