Un Indien dans la bile
Orphelin de mère, persécuté dans son pays, déçu par la vie anglaise puis en partie rejeté par les villageois de la commune varoise où sa famille s'est établie, Hassam Kadan va, grâce à ses talents culinaires hors-pairs, surmonter les déceptions, sublimer la rancœur et tracer sa voie.
Les Recettes du bonheur (énième titre français débile) est un conte de fées portant les défauts inhérents au genre (naïveté, simplisme, prévisibilité), défauts que l'on peut donc difficilement lui reprocher.
Nonobstant ces aspects, cette coproduction Dreamworks présente quelques points discutables bien à elle :
* Le moins gênant : le choix d'Helen Mirren (une Britannique) pour incarner la propriétaire du restaurant français. Bien qu'elle soit francophile, n'y avait-il pas moyen de lui préférer une Française anglophone (Eva Green ? Marion Cotillard ?), voire une étrangère parfaitement francophone, elle ? … Judie Foster ? Kristin Scott Thomas ? …
* Les autres défauts ont trait à la mauvaise gestion de la durée du film (157 minutes)
--- L'échec de la vie en Angleterre est traitée en deux coups de cuillère à pot (de Marmite)
--- La réussite de Hassan est fulgurante. Le jeune homme est si doué que tout ce qu'il entreprend se transforme instantanément en succès. La curiosité, la volonté et la besogne conduisent-elles systématiquement à la réussite ?
Pourquoi Hassan se rend-il immédiatement à Paris (où il va illico cartonner !) après avoir fait gagner sa deuxième étoile au Saule pleureur ?
Un peu de sinuosité dans son parcours eut été vraiment la bienvenue.
--- Le revirement de Madame Mallory est brutal. Pourquoi ne pas l'avoir montrée en train de changer progressivement d'attitude ?
--- Les clients des deux restaurants sont oubliés. On n'en voit jamais goûtant et commentant. N'aurait-il pas été judicieux d'en filmer passant d'un établissement à l'autre et comparant les saveurs, l’atmosphère, le rapport qualité/prix, etc. ?
--- Last but not least (et dans le même ordre d'idées que le précédent) : les produits du terroir, leur préparation et la magie de la cuisine son filmés trop platement. Pour un film sur la gastronomie, c'est un peu dommage...
De fâcheux manquements --- surtout quand on sait que Spielberg est un des producteurs exécutifs ! ---, mais qui n'affecteront pas la réception par le jeune public.
Coller maximum 5/10 aux Recettes du bonheur serait toutefois punitif pour ce film somme toute agréable, plein de bonnes intentions, qui prône la persévérance, la compréhension et le dialogue. En ces temps de repli communautariste, de sarcasme et de cynisme galopants, cette posture est loin d’être négligeable.