Autant Lara, comme souvent, adapte une œuvre lui permettant de pousser un cri de rage contre des faits de société.
Eh bien "Les Régates" ne dérogent pas !
Il s'agit d'un récit picaresque autour de l'importance accordée à la promiscuité sexuelle et aux conséquences des on-dit. Deux familles italiennes à la cohabitation rompue et perturbée par un impénitent Terzieff, docker musculeux, qui s'amuse de Nelly Benedetti en voisine esseulé quelque peu supportable et de Danièle Gaubert en jeune pubère agaçante, devant le regard étourdi de Dominique Blondeau, le gavroche de ses Misérables¹.
Quelques moments d'anthologie sporadiques valent le coup d'œil, notamment les mouvements de bassin de Gaubert, sur du Dalida dispensable mais sympathique, montrant bien la volonté des auteurs de vouloir faire une nouvelle Bardot, acmé d'une ambition, celle du producteur Raoul Lévy, de créer une icône.
À l'instar d'un Pialat avant l'heure, Autant-Lara nous gratifiera de quelques scènes de conflit où toute la cruauté des uns se fera sentir. Autant-Lara prendra le parti des ados. Les adultes sont bêtes et irresponsables jusqu'à la folie ; le comportement hystérique de la mère, Suzy Delair, ou encore la colère du père, Folco Lulli, sublime en beauf qui agite ces trophées, des cadavres de rats à la vu de toutes, en est un exemples.
Mais le film possède ses défauts tout entier à commencer par ses interprètes, la pauvreté des décors, ou le manque d'approfondissement psychologique. Reste malgré tout l'effet de sa conclusion dérangeante. Une fin paroxystique d'une ironie mordante semblable à du Buñuel, dotée d'un tout dernier plan qui évoque probablement Comme un torrent² de Minelli.
¹Les Misérables est un roman de Victor Hugo publié en 1862.
² Some Came Running est un film réalisé par Vincente Minnelli et sorti en 1958.