Les Rencontres d'après-minuit par Gaby Aisthé
"Qu'importe que ce soit vrai ou non, puisque c'est leur histoire. Vous avez donc perdu toute faculté de croyance ?"
Tout d'abord, une confession : je ne sais pas vraiment pourquoi j'ai acheté ce film ce matin.
Déjà, il est français, et j'ai un (vilain) a priori vis à vis des films français.
Ensuite, ça parle d'une partouze, et l'idée de regarder un film comme ca fait un peu vieille fille célibataire voulant se rincer l'oeil - ou fille perverse, c'est au choix.
Enfin, il y à un type qui parle avec un accent du sud, et je déteste cet accent qui me fait hisser les poils des bras.
Mais voilà, ce DVD m'a attiré. Il m'à forcé à venir jusqu'à lui dans l'endroit le plus inaccessible du magasin et à le prendre. Vu la volonté qu'il mettait à vouloir que je le visionne, je me suis dis, finalement, pourquoi pas.
Prenons donc les arguments qui me répugnaient dans ce film.
L'acteur à l'accent du sud, c'est Canto, on l'aura deviné. Et je crois que Canto est le seul dans la bouche de qui cet accent de m'agace pas.
Je l'avais déjà vu dans Looking For Eric, et cela avait été pour moi une bonne surprise, qui se renouvelle dans ce film.
Rien de transcendant bien sur, nous ne sommes pas sur un rôle qui lui permette de nous offrir des exploits d'acteurs, des performances éblouissantes ou ce genre de chose qui vous marque à vie. Ceci dit, même si son rôle n'est pas le plus intéressant, Canto nous livre ici un jeu assez sympathique. Le macho guidé par son sexe côtoie le poète aux envies de douceurs et de beauté. Sa petite histoire n'est pas la plus passionnante ni la plus poétique, mais ses interventions tout au long du film viennent contre-balancer cet aspect purement sexuel et creux de sa scènette.
Ensuite, l'aspect sexuel du film pouvant donner de prime à bord l'image d'un film porno.
Très franchement, le début du film m'a fait un peu peur. La "réanimation" de Mathias déjà (la technique employée ne prenant son sens que plus tard), puis l'arrivée de la chienne, voir même l'enchaînement sur l'histoire de l'Etalon, ca commençait assez mal (enfin, bien si l'on voulait du sexe, du sexe, du sexe lol).
Cependant, malgré certains aspects sexuels qui ne le sont pas vraiment (érotique plutôt dirons nous), le film est avant tout très poétique.
Chacun à son passé, ses blessures, sa façon d'interpréter le monde, son destin, les autres. Chacun se dévoile au fur et à mesure, et l'on en vient à s'attacher à ces personnages différents et meurtris.
Evidemment, l'histoire la plus touchante reste celle des trois hôtes, qui donnent au final une émotions assez poignante.
Les lumières, la musique (de ce fantastique juke box) et la mise en scène très théâtrale contribuent à donner un aspect irréaliste et planant à ce film, nous donnant l'impression d'être dans une douce bulle d'étrangeté, dans une parenthèse émotionnelle et réflective.
J'avoue avoir eut quelques difficultés avec le personnage et l'histoire de la Star, mais le reste rattrape plutôt bien cette petite faiblesse.
Au lieu de sexe donc, nous partons dans un voyage bien plus intime, où ce ne sont pas vraiment les corps qui s'entre-mêlent, mais plutôt les passés, les histoires, les âmes.
À noter au passage une légère touche d'humour distillé de ci de là, et qui tirent un sourire au spectateur sans le faire sortir de l'émotion du film.
Au final donc, nous avons ici un film français, mais un de ceux qui se laissent vraiment regarder, qui est intellectuel sans être barbant, érotique sans être vulgaire, poétique sans être ennuyeux bref, un de ces rares films français qui m'ait vraiment plu et que je pourrais revoir.
Sur le plan technique, je lui met donc un 4/5 (le petit point perdu l'est pour le début un peu déroutant et pour la musique qui, si elle colle bien au film, n'est pas vraiment mon genre), et un 4/5 pour l'aspect purement subjectif et émotionnel (la Star et son histoire m'ont un peu ennuyés, malgré une bonne performance de l'actrice), ce qui nous fait un bon 8/10