Il est difficile pour moi de critiquer ce film étant donné qu'après le premier visionnage il est directement rentré dans mon top 5 de mes films préférés. Il est d'autant plus difficile qu'à chaque visionnage j'ai vu des larmes de tristesses et de joie mêlées couler sur mes joues...
Oeuvre trans-genre, entre pièce de théâtre et film, porté par des comédiens (Kate Moran, Niels Schneider) et des acteurs (Eric Cantona, Béatrice Dalle), qui oscillent entre tirades poétiques et répliques osées digne d'un porno chic. Si ces deux côtés sont si merveilleusement liés c'est grâce à "La Bonne" jouée par Nicolas Maury qui, de part ses vertus "socialisatrices" casse toutes les dissonances et les fausses notes.
Ici, le sexe est omniprésent, mais le côté sordide est banni et la beauté de l'image et des plans sert à défendre ce côté poétisé du sexe."L'odeur de la baise est déjà là, et pourtant ce n'est qu'une hypothèse", cette réplique pourrait résumer le film; film pudique ou les corps à corps y sont retardés, et où les rapports sont surtout textuels, et ce côté textuel sert à montrer ce qui est souvent mis en hors-champ. Venus pour une partouze, les personnages vont découvrir un autre moyen d'assouvir leurs plaisirs les plus intimes, et ici ce qui compte n'est pas ce qu'ils vont faire, mais au final, pourquoi ils sont dans cette soirée et par quoi sont motivées leur pulsions. On découvre le sexe cérébrale et sa puissance charnelle. Ces rencontres qui devaient au départ être guidées par le sexe, ce verront finalement portées par les histoires de chacun des personnages qui nous emmèneront dans différents voyages au sein d'un seul film, à travers les histoires personnelles de chacun, nous rappelant sans cesse que le sexe n'est pas que physique et qu'il provient d'abord du coeur, de l'amour, et qu'il y a de nombreuses façon d'assouvir ses pulsions les plus intimes.
Cette oeuvre mélange les genres, mais également les thèmes. La mort et le sexe, le plaisir et la souffrance, l'univers science-fiction du décors (qui rappel Beyond The Black Rainbow) et le côté "mythologique" de la scène la plus osée du film (qui rappel Orphée)
Le film est porté par une bande son absolument fabuleuse de M83 (frère du réalisateur Yann Gonzalez) qui sublime toutes les scènes du films grâce à des nappes électroniques vaporeuses. Certaines musiques émanent d'un juke-box sensoriel qui joue la musique au grès des émotions des personnages (une trouvaille absolument géniale et qui colle parfaitement au côté émotionnel du film).
J'ai vu tant de critiques négatives sur ce film que je me sens comme un privilégié de l'avoir aimé et d'avoir réussi à être transporté comme je l'ai été.
Hommage direct aux oeuvres cinématographiques oniriques et surréalistes des années 70, le cinéma français voit ici un de ces plus beaux enfants. Yann Gonzalez livre ici un premier film et un premier chef d'oeuvre, totalement enivrant, d'une beauté et d'une grâce à pleurer (la dernière scène...), intimiste, crée pour faire ressortir les émotions les plus personnelles des spectateurs et pour combler nôtre désir de cinéma.