"Ce soir faudra que je me couche tôt, parce que ça peut pas durer comme ça…"

Un film à voir au second degré, dans lequel Pierrick Sorin se gausse un peu de certains gestes artistiques, de certains dispositifs censés permettre de voir le monde autrement. Je dois dire que ce n’est pas tout à fait le film auquel je m’attendais après avoir vu les premières images, d’où une légère déception.

J’ai pour ma part toujours été fasciné par l’endormissement et le réveil, et il m’intéressait de voir, par le biais d’une caméra posée en plan fixe et se déclenchant tous les matins entre 7 et 8h, comment se passe le réveil, d’abord un frémissement, un réveil en sursaut, quelques secondes pour émerger, pour se rappeler du dispositif ? Mais en fait, il n’est pas question de cela, on ne voit pas vraiment le réveil, juste Pierrick Sorin quelques minutes après, les cheveux en vrac, les yeux plus ou moins ouverts, marmonner qu’il est fatigué et qu’il faut vraiment, mais alors vraiment, qu’il se couche plus tôt le soir. On sort de l’expérience. D’ailleurs, le cadrage n’est pas le même, et on n’a pas le réveil mais les premières réflexions de Sorin, avec un montage qui justement ne montre rien de ce qui m’intéressait, mais s’appuie essentiellement sur un comique de répétition que je trouve un peu trop appuyé.

C’est amusant, même si c’est différent, ça m’a fait penser à l’expérience de Sophie Calle qui quelques années plus tôt invitait des gens à dormir dans son lit et les avait photographiés dans ces moments intimes. Ici, Sorin s’amuse de ce genre d’expérience, et son film se veut drôle, ce qu’il est globalement, quoique je le trouve un peu trop répétitif et donc un peu lourd.