Après l'ambiance gothique, étouffante et perverse de "La résidence" sortie en France en 1972, le réalisateur uruguayen Narciso Ibanes Serrador signe avec "Les révoltés de l'an 2000", un autre huis clos traumatisant qui cette fois-ci sera insulaire. Le récit nous amènera au large de l'extrême-sud de l'Espagne au milieu de la Méditerranée sur la petite île aride et brûlante d'Almanzora (îlot imaginaire), théâtre de phénomènes étranges. Mais avant cela, comme une mise en garde, lors du générique/prologue, N.I.Serrador dresse à travers des images d'archives glaçantes (holocauste, expériences nazies, famines, guerres civiles..), le douloureux constat de la souffrance infantile. les enfants sont sacrifiés sur l'autel d'une humanité empreint de folie meurtrière. Le contraste sera ainsi saisissant avec la bouillonnante station balnéaire de Benavis où nous retrouvons deux touristes anglais, Tom et Évelyn fraîchement débarqués sur la Costa Del Sol. Une brève escale continentale, car Évelyn, enceinte de son troisième enfant compte bien passer quinze jours sur la petite île d'Almanzora, loin du tumulte estival. Le spectateur, lui, est toujours sous le choc des images d'horreur que Serrador nous a assénée et il va remettre ça quant aux détours d'une boutique de souvenirs, le couple sera témoin via la lucarne d'un téléviseur, d'enfants martyrs sous les bombes en Thaïlande. A leur arrivée sur l'île, Tom et Evelyn sont surpris de trouver le village comme désert, simplement occupé par de mystérieux enfants quasi muets aux attitudes étranges. Le couple sera bientôt confronté à l'abominable réalité : les enfants ont tué tous les habitants adultes de la région. Et le tour de Tom et Évelyn est imminent. N.I.Serrador va piéger ses acteurs principaux au cœur d'un survival éprouvant truffé de scènes chocs, le tout accompagné par les rires démoniaques d'une horde d'enfants tueurs, qui ne sont pas sans rappeler le jeune Damien de "La malédiction" de Richard Donner où les petites têtes blondes de "Le village des Damnés" de Wolf Rilla en 1960 et plus récemment son remake de John Carpenter. "Les révoltés de l'an 2000", ce retitrage français à consonances post-apocalyptique (enfin pour l'époque!) ne rend pas forcément hommage à ce chef-d'oeuvre, prix de la critique au festival d'Avoriaz en 1977 au titre original évocateur : "Quién puede matar a un niño ?". "Qui peut tuer un enfant ?"