La longue scène pré-générique, même si elle assène son propos de manière très appuyée avec une longue séquence exposant les violences faites aux enfants, victimes collatérales et innocentes de conflits armés, permet une immersion immédiate dans un univers que l’on devine poisseux.


Les scènes suivantes, pourtant instantanés de vie l’été sur une plage ensoleillée et bondée, ne rassurent pas longtemps, car bien vite, un cadavre émerge de l’eau, alors qu’un couple de touristes américains débarque dans la station balnéaire espagnole.


Devenu culte, avec le temps, chef d'œuvre même pour certains "Les révoltés de l'an 2000 » s’inscrit tout à fait dans ces nouvelles vagues qui ont traversé le (les) cinéma (s) dans les années 1970, jusqu’à redéfinir le langage de pans entiers de ce média, notamment le genre horrifique jusqu’alors, (censure oblige) peu démonstratif.


Pourtant c’est en mélangeant les genres que « ¿Quién puede matar a un niño? » va s’ériger en future référence, de l’épouvante donc ,mais également de la dystopie, film dans une finalité plus politique imaginant (à la suite du livre El Fuego dont il est l’adaptation) une révolte de ces enfants, fatigués de subir les décisions meurtrières des adultes.

Evidemment, le film est aujourd’hui encore très impactant, parce Narciso Ibáñez Serrador dont c’est la seconde réalisation pour le grand écran, dispose d’une matière première riche (le roman » El juego de los niños » de Juan José Plans), mais également parce que ses plans sont virtuoses, chaque scène est étudiée pour créer de la tension. La tendance n’est pas au jump-scare ici, mais aux éléments qui s’amalgament, s’agencent pour faire de cette ile aux enfants, un sorte de voie sans issu,e symbole de l’enfermement pour les deux touristes qui s’y sont réfugiés en quête d’un lieu paisible. La caméra, donc le spectateur, accompagnent les protagonistes dans leur découverte de la réalité,


-les adultes n’ont pas déserté l’ile pour assister aux festivités sur le continent, mais sont éliminés un à un par leurs propres rejetons-

à mesure que l’ambiance devient plus étouffante sous un soleil aveuglant, une chaleur suffocante de nature (peut-être) à anéantir tous les velléités de lutte.


Au final, si ce n’est son titre français déroutant, « ¿Quién puede matar a un niño? », loin d’être une série B se dévoile comme l’œuvre d’un très bon cinéaste dont le précédent métrage « La résidence »préfigurait déjà de belle attitudes et pourrait avoir inspiré Argento pour son « Surspiria ».


Yoshii
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