Qui pourrait tuer un enfant ?
C'est le titre original, déjà plus évocateur, qui aurait du être utilisé. Mais peu importe. Ce qui est assez rigolo dans l'histoire, c'est que lors du Festival de Fantastic'arts de 2013, j'avais découvert ce qui est en fait une pâle copie de ce film, le très mauvais "Come out and play", de Makinov.
Revers du destin sans doute, c'est lors du festival thématique de senscritique 2013 que j'ai découvert l'original. Et celui-ci est l'exact opposé de la version de Makinov.
La photographie est excellente, innovante même. Le jeu des regards et certains cadrages sont assez flippants. l'absence de musique lors de certaines scènes renforcent l'ambiance oppressante à souhait.
Les décors sont réalistes, l'action et le rythme très bien posés et gérés.
La musique est discrète et relève plus de fonds sonores délicats et flippants, voir en complet décalage avec l'image, comme c'est le cas pour l'intro.
Par ailleurs, plutôt que de rechercher les scènes d'actions qui tourneraient vite au ridicule vu le manque évident de moyens, Narcisco Ibanez Serrador choisi la sobriété.
On aura alors plusieurs évènements suggérés plutôt que démontrés, notamment lors de la rebellions des enfants devant la cabane de pêcheurs. Cette scène est excellente, avec cette fameuse contre-plongée sur le haut de la colline. J'ai apprécié la finesse de direction, dont on pourrait d'ailleurs s'inspirer aujourd'hui, où l'heure est à la sur-enchère permanente.
Cette mise en scène permet de faire travailler son imagination et donc de n'être jamais déçu. Enfin, en ce qui me concerne.
Il y a donc une vraie recherche artistique dans l'ensemble des techniques utilisées et à tous les niveaux de la réalisation. C'est très appréciable.
Pour revenir au scénario, l'introduction propose également un pitch qui se prolonge avec une thématique de film intéressante : si lors de chaque épisode guerrier ce sont les civils (plus particulièrement les enfants) qui trinquent, que se passerait-il si les enfants se soulevaient en massacrant les adultes ?
Comment réagirions-nous ?
La fin est assez éloquente d'ailleurs. Mais les réactions des personnages sont toujours conduites par ce fil conducteur avec en plus une dualité entre instinct de survie et déni de réalité poignante.
Je regrette juste que certaines scènes soient à la limite du grotesque (dans la prison, le foetus suicidaire, bon...) mais c'est pour chipoter.
En tout cas cette scène figure dans Come out and play. Chacun son style après tout. Tant qu'à faire dans le moisi, autant y aller jusqu'au bout. Merci Makinov.
Je referme donc la parenthèse pour dire que "Les révoltés de l'an 200" est une réussite. Il vieilli bien, l'ambiance, la photographie et le rythme valent le coup et donnent une grande cohérence à l'ensemble. A découvrir d'urgence !