Les spécificités des cultures thaïlandaise et philippine me sont très largement inconnues, aussi le fait que le visionnage du premier long-métrage de Mike De Leon "Itim" m'ait beaucoup fait penser à celui de Banjong Pisanthanakun, The Medium — Shutter étant probablement le plus connu de sa part mais beaucoup moins prenant dans le registre épouvante-horreur — est très probablement lié à une confusion dans mon imaginaire construit autour du cinéma horrifique d'Asie du sud-est. Les deux sont en plus séparés de près de 45 années : la comparaison paraît donc à première vue aussi spontanée qu'improbable...


J'aime beaucoup l'idée de voir germer à la fin des années 70 aux Philippines une thématique que l'on a vu s'épanouir classiquement dans le cinéma américain de la même période, et qui a pour origine des films (de série B) comme Carnival of Souls (1962) ou encore La Maison du diable (1963). Évidemment, vu d'aujourd'hui, les symboles sont comme surlignés au stabilo et on voit très bien quel sera le contenu des révélations de la séquence finale de spiritisme. On peut dire que la tension créée par cet enflement du mystère ne tient plus la route dès lors qu'on a déjà vu des dizaines et des dizaines de films suivant le même principe.


L'originalité ici réside dans l'ambiance que confectionne avec brio Mike De Leon, forcément originale d'un point de vue occidental alors qu'il est beaucoup question de mystique chrétienne, de vendredi saint et autres Holy Week. Le schéma du photographe de Manille retournant dans sa ville natale et capturant son environnement sur pellicule est aussi quelque chose d'assez convenu, mais cela n'empêche pas de voir prospérer une ambiance pesante et un malaise lancinant autour de la poignée de personnages. Il y a quelque chose qui cloche avec le père du héros, ancien médecin dans une chaise roulante suite à un accident de voiture, et toutes les horreurs révélées à la fin seront le point de chute d'une histoire de possession qui trouve sa justification dans une quête de vengeance — là aussi un schéma assez classique en horreur, qui pour autant n'entache en rien le plaisir de la progression dans cette ambiance. En guise de fond, la toile toxique d'un patriarcat traumatisant qui donne lieu à pas mal de scènes d'exploration angoissantes.


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Morrinson
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le 20 sept. 2023

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