Lorsqu'un film a un cadre aussi beau que celui-ci, j'ai tendance à accepter de revoir mes attentes à la baisse, à accepter la vacuité d'un scénario pas finaud entre autres. A condition que l'ambiance soit là.
Et force est de constater qu'elle est presque là, entre le cadre magnifique, quelques plans de qualité (Kassowitz a été un cinéaste au moins correct à une époque reculée, ne l'oublions pas), des bâtisses pleine d'histoire(s), ça a failli marcher.
Pourtant, les casseroles au cul sont là. Jean Reno n'est déjà plus que l'ombre de lui même, avec un jeu paresseux qui ne fait que souligner le manque de relief de son personnage - on croirait un personnage de jeu de role défini à la va-vite par un débutant "euh, chui un dur qui parle pas mais qui est séduisant, tu vois". Et même ce minimum syndical, Reno n'est pas foutu de l'assurer, son jeu faisant écho à la platitude de son personnage. C'est vraiment le serpent qui a même la flemme de se mordre la queue!
C'est triste à dire, mais c'est finalement Cassel qui sauve une partie des meubles de par son relatif enthousiasme et sa spontanéité.
Je ne reviendrai pas sur la stupidité sans fond du scénario, sa mise en place bancale (pourtant, quand les méchants sont des nazis, généralement, je suis bon public) sa résolution à la petite semaine. Je ne sais pas ce que vaut le roman, et je veux bien croire qu'il pourrait être pas mal - pour le peu que j'en sais, il pourrait être du niveau d'un Dennis Lehane, donc pas mal, quoi -, car je pense que le massacre vient principalement de Kassowitz, sa mauvaise direction, sa prétention, son incapacité à écrire. Des belles images, pas de problème, il sait faire. Pour le reste, c'est une autre danse.
Bref, tout ça pour dire que j'avais déjà des attentes au rabais, à la base, que j'étais prêt à manger un film moyen, un simple film d'ambiance.


Sauf que Kassowitz s'est bessonisé pendant que j'avais le dos tourné.
En une scène, celle du combat sauce jeu vidéo contre les skinhead, il aura réussi à exploser l'ambiance de son film, et rejoindre, le temps d'une scène (en fait quelques unes clairsemées au sein du film, mais surtout celle-ci), le panthéon des médiocres français sur lesquels règne en maître l'imbitable Besson. Tout y est, les tics de caméra, la musique de merde, les phrases de jeu vidéo pour bien appuyer le clin d'oeil léger comme un cassoulet à la graisse d'oie sur lit de saindoux avec une louche de nutella. Et des frites.


Du coup, toutes les scènes "à la Besson" qui suivent sont comme autant de confirmations de ce que j'ai ressenti pendant cette scène de combat. quand Reno se fait frôler par les balles plus tard, et qu'on a droit à un "fwoouuuuuush" avec un ralenti poseur lorsque le tireur jette son flingue avant de s'enfuir, forcément, ça ne passe plus, alors que s'il n'y avait pas eu la scène de combat, je n'aurais peut-être pas tiqué.


Trop tard, le mal est fait.


Du coup, Les Rivières Pourpres n'atteint même pas le minimum que l'on est en droit d'attendre de ce type de film, trop agaçant, mal écrit, mal joué pour que l'on se fatigue à avoir de l'indulgence pour lui, trop maniéré pour assumer son rôle de divertissement.

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le 13 févr. 2014

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toma Uberwenig

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