Régulièrement qualifiée de casse du siècle, l'arnaque à la TVA des quotas carbone permit autour de 2008 à des escrocs de détourner des sommes monstrueuses aux dépends des Etats Européens. Olivier Marchal en avait déjà tiré un thriller, tout en s'éloignant des vrais protagonistes de l'affaire.
Ici, c'est tout le contraire. Ce documentaire met l'arnaque pratiquement au second plan, pour se focaliser sur ses acteurs principaux. Des affairistes audacieux, qui ont empoché des centaines de millions, avant de s’accoquiner avec des personnes réellement dangereuses. Et, pour ceux qui ont survécu, de passer par la case prison, et de se retrouver craignant pour leur vie et "sans le sou" (enfin en carburant aux voitures de luxe, tailleur privé, et appartements géants quand même, hein).
Guillaume Nicloux a bien compris qu'en interviewant ce panier de crabes, il avait affaire à des individus complètement surréalistes, dignes d'un film de gangster exacerbé, avec en tête de gondole Marco Mouly. Grande gueule, flamboyant, sanguin, "malin mais pas intelligent", plein d'assurance malgré des paroles confuses et des mensonges énormes. Ses (nombreuses) apparitions à elles seules valent le coup d'oeil pour se faire une idée de ce genre de personnages, qui ont eu de l'audace face à un système non dimensionné pour ce type de combinards.
Outre ses perles, ce qui est savoureux est le décalage entre ce type funeste, s'enrichissant grassement sur le dos des contribuables et de l'environnement, et les juges, avocats, policiers ou économistes, au verbe éduqué, voire pompeux, et défenseurs dépassés du système.
Si sans surprise, on n'en saura pas plus sur les relations entre les affairistes et le milieu du grand banditisme, ni sur les nombreuses affaires sur lesquelles certains sont encore mis en examen, "Les Rois de l'Arnaque" est donc le genre de documentaire pleinement appréciable grâce à la faune qu'il met en avant !