Avec Les Saisons du Plaisir réalisé en 1988, Jean Pierre Mocky avait toutes les cartes en main pour faire un véritable feu d'artifice. Avec son formidable casting, un sujet simple mais efficace et un ton mi-grivois mi-cynique on pouvait vraiment espérer quelques merveilles en tout cas beaucoup mieux que ce résultat un peu fade qui sans être déplaisant devient vite lassant.
Le film raconte l'histoire d'un séminaire annuel d'une entreprise de parfumerie réunissant cadres et familles. Cette année le P.D.G. et doyen décide de prendre sa retraite et doit choisir à cette occasion son remplaçant...
Si le pitch de départ est assez minimaliste il pouvait néanmoins laisser entrevoir un potentiel de comédie féroce sur les luttes de pouvoirs et les coups bas au sein d'une entreprise sur fond de guerre de succession. Jean Pierre Mocky en ajoutant à ce premier ingrédient une joyeuse et grivoise étude des mœurs de la petite bourgeoisie obsédé par la fesse donnait à son film les atouts d'un savoureux jeu de massacre entre coup bas et histoires en dessous de la ceinture. Malheureusement au bout du compte l'aspect industrielle du script ne sera qu'un vague prétexte assez vite expédié et la satire de mœurs se limitera à la comédie paillarde et légèrement grivoise de blagues de cul peu inspirées. Mais surtout le film manque d'une solide colonne vertébrale à son histoire, ce qui empêche vraiment l'ensemble de tenir sur la longueur et de s'attacher au moindre des axes narratifs. Si le film s'offre un casting assez formidable avec des comédiens et comédiennes qui font vraiment bien le job, on a parfois plus la sensation d'être devant une succession de sketchs et de saynètes plus ou moins pertinentes que d'un film pensé dans une écriture globale. On retiendra donc quelques moments ici et là comme Jacqueline Maillan en hôtesse de téléphone rose sermonnée par sa mère interprétée par Denise Grey ou Richard Bohringer et Bernard Menez qui se soulagent dans la garrigue ... Pour les amateurs de trognes de cinéma le film offre tout de même un belle galerie de seconds rôles en plus de ses nombreuses tête d'affiches avec les grands habitués du cinéma de Mocky comme Antoine Mayor, Jean Abeillé ou Dominique Zardi.
Au final j'ai la sensation que Les Saisons du Plaisir passe vraiment à côté de son sujet et que le film entier se cache un peu derrière sa légèreté grivoise comme unique argument de comédie