Je vais me tuer, je reviens après.
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J'ignorais que Rabaté avait réalisé autant de films. J'avais même oublié qu'il avait adapté lui-même "Les petits ruisseaux".
L'idée est sympa. On sort un peu des productions françaises habituelles et ça fait du bien une telle prise de risque. Cela n'en fait pas forcément un bon film mais l'on peut saluer bien bas la démarche.
Le récit est faiblard. Sans doute parce qu'il n'y a pas vraiment d'objectif principal du moins pour les personnages principaux ; en effet, l'adversaire, la police, a une mission, retrouver cette commuauté de marginaux, mais ils sont clairement secondaires, du coup leur mission ne permet pas vraiment de structurer ce film qui s'apparente plus à un film à sketches ; les scènes en sont donc décousues, sans trop de lien (par exemple on commence avec les lingots et les sculptures, puis on n'en parle plus, c'était juste amusant sur le moment). L'on peut reprocher aussi un faible développement des personnages ; le contraire aurait permis de nourrir les scènes ; les acteurs apportent heureusement une petite touche personnelle, mais rien qui soit vraiment exploité narrativement (à part pour Yolande Moreau qui semble être la plus violente vu le nombre de télé qu'elle a détruites), on pourrait d'ailleurs interchanger tout ce petit monde sans trop de souci. La bizarrerie de l'univers n'est pas déplaisant mais l'auteur ne prend jamais le temps de bien poser son univers, ses règles sociales. Par exemple le côté muet, je croyais que ça ne concernerait que ces marginaux mais au fait même les gens 'normaux' ne parlent pas, et même si de manière générale ça fait plaisir de voir un film muet à notre époque, ici c'est amené maladroitement ; de plus, même les gens 'normaux' ont des drôles d'habitudes, donc au final la marginalité passe par le style vestimentaire (on ne sait pas si les gens 'normaux' vivent dans de vraies maisons, puisque ce n'est pas abordé). C'est donc par un manque de repères qu'on se perd un peu dans ce film, qu'on accepte difficilement les faits sociaux non conventionnels.
La mise en scène est plutôt réussie ; Rabaté donne un sens à sa caméra, la pose de manière pertinente pour un découpage réfléchi et lisible, les mouvements se justifient aussi, avec parfois des idées très comiques (le traveling latéral avec le policier à l'avant plan et les sans-dents à l'arrière plan). Le casting est agréable, constitué de quelques acteurs marquants que l'on se plait à retrouver ici. On sent que chacun se plaît à apporter des choses au film, ce qui tire le film vers le haut bien évidemment. Les décors sont bien trouvés et bien filmés. Les costumes fonctionnent bien, aident à bien identifier les personnages. La photographie est agréable, soignée, avec quelques plans qui restent bien en tête. Le montage est de bonne durée, on ne traîne pas inutilement sur une scène malgré le côté muet.
Bref, ça se suit, mais à cause d'un scénario un peu faible, le spectateur ressent de grosses longueurs ; dommage parce que le film contient de nombreuses bonnes idées et ose faire des choses que l'on ne voit pas assez souvent au cinéma.
Créée
le 9 sept. 2022
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