Les Sans-Espoir
Ce film de Miklós Jancsó n'est pas d'un accès très aisé pour quelqu'un comme moi qui n'a qu'une idée très diffuse de l'histoire de la Hongrie entre 1848 et 1867.Donc avant de revoir ce film pour la...
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le 11 oct. 2024
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Ce film de Miklós Jancsó n'est pas d'un accès très aisé pour quelqu'un comme moi qui n'a qu'une idée très diffuse de l'histoire de la Hongrie entre 1848 et 1867.
Donc avant de revoir ce film pour la deuxième fois et d'établir ce billet, je me suis un peu préparé …
Une première date-clé est 1848 où éclate une révolution (menée, entre autres, par Kossuth) proclamant l'unification de la Hongrie (avec la Croatie et la Transylvanie) et l'indépendance de la nouvelle Hongrie face à l'Autriche. Mais à part les hongrois, personne n'étant d'accord, tout le monde se révolte et l'Autriche fait appel à la Russie pour réprimer dans le sang cette révolution.
La deuxième date clé est 1867 où un long processus de pacification et domination aboutit au pacte austro-hongrois et à l'avènement de l'Autriche-Hongrie.
Dès 1867, les révolutionnaires (de 1848) sont pourchassés sans relâche dans la Puszta, grande steppe au centre de la Hongrie. C'est le sujet du film ...
Un long prologue illustré de dessins tirés d'une encyclopédie (instruments de travail, plans d'habitations, armes) raconte le contexte de 1867 qui résulte de périodes de disette du peuple hongrois, finalement de l'échec de la révolution de 1848 (ce n'est dit comme ça mais c'est ce que je comprends). Ceci nous amène dans un camp de prisonniers au milieu de cette Puszta où on n'entend que le vent qui souffle. Les prisonniers ne sont que des ombres silencieuses face à l'armée autrichienne qui cherche à retrouver les insurgés pour les châtier.
Tous les moyens sont bons entre les brimades, les exécutions sommaires, les dénonciations, les fausses promesses, les supplices. On promet la relaxe à un homme qui a avoué quelques crimes sous réserve qu'il dénonce quelqu'un qui a fait mieux que lui mais le procédé ne semble pas d'une rigoureuse efficacité car il a tendance à dénoncer n'importe qui …
Spoiler : Ce sera le simulacre machiavélique d'une amnistie officielle du pouvoir autrichien à travers la reconstitution d'une unité de cavalerie qui permettra de repérer et d'éliminer définitivement tous les insurgés.
Le film est constitué de longs plans-séquence avec une caméra qui passe à travers la foule de prisonniers ou qui observe les mouvements de la troupe telle une chorégraphie. Il y a une indéniable esthétique à faire comme ça mais le procédé me parait assez frustrant dans la mesure où le spectateur reste à l'extérieur de l'action (et n'en comprend pas forcément la finalité). C'est ainsi que Jancso fait tourner en rond des prisonniers reliés entre eux par une corde, aligne les soldats autrichiens pour "enfermer" un ou des prisonniers, aligne des femmes pour apporter de la nourriture aux prisonniers. Et comme les dialogues sont réduits vraiment à l'essentiel, c'est-à-dire aux injonctions, aux dénonciations, à de brèves questions, le spectateur a du mal à éprouver la moindre empathie pour ces prisonniers dont tout est fait pour brouiller (anonymiser ?) l'image des individus. Un peu comme si tous ces gens n'avaient plus aucune personnalité propre et ne peuvent plus exister qu'en groupe.
Alors, bien sûr, le film étant daté de 1966, on serait tenté de voir un parallèle entre cette répression de 1867 et le soulèvement de 1956. On pourrait même dire que le film est une métaphore des évènements de 1956, que le sujet considéré n'est qu'un moyen habile pour contourner la censure. Dans un cas, c'est la soumission au pouvoir autrichien même sous forme d'Autriche-Hongrie. Dans l'autre, c'est la soumission à un régime totalitaire. Dans les deux cas, il y a bien perte de l'individualité hongroise qu'on retrouve bien dans le film avec ses personnages "dévitalisés". Le film ayant connu un grand succès à sa sortie en Hongrie, il est en effet très possible que bien des gens aient adhéré à un tel propos politique. Oui, pourquoi pas.
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le 11 oct. 2024
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