Hortense Laborie,cuisinière périgourdine de talent,est à sa grande surprise recrutée pour devenir la cuisinière personnelle du président de la République.Le film s'inspire de l'histoire vraie de Danièle Mazet-Delpeuch,qui fut la cantinière de Mitterrand de 88 à 90,et fait des aller-retours entre cette période et celle où,plus tard,la dame fut cuisinière sur la base scientifique Alfred Faure,sur l'île Crozet qui fait partie des Terres australes et antarctiques françaises.A priori,tout ça ne semble pas être d'un intérêt phénoménal et ça se confirme au visionnage.C'est d'ailleurs sans doute pour ça que Christian Vincent,réalisateur et coscénariste du film,a ajouté ces scènes insulaires du bout du Monde.Il espère ainsi étoffer la minceur du sujet et donner un peu de mouvement,ce qui est largement raté car cette partie est encore plus vide que l'autre.L'intérêt,s'il y en a un,est donc le passage,assez bref,de cette femme dans les cuisines de l'Elysée.Mais il n'y a hélas rien de bien fracassant dans ce séjour.On nous montre ses rapports d'estime et de sympathie avec la Mite,un gourmet effréné,sans que leur relation ne soit vraiment étroite.Du reste,on voit très peu le président.Sinon,on suit les démêlés d'Hortense avec les chefs machos de la cuisine centrale,vexés de perdre le monopole de la bouffe présidentielle,surtout au profit d'une femme,sa complicité avec Nicolas,le jeune pâtissier qu'on lui a adjoint,et avec le maître d'hôtel qui collabore avec elle.Cependant,le film n'est pas dépourvu d'un certain intérêt documentaire,dans le genre "regardez où passe votre pognon".Cette brave tenancière d'une table d'hôte du Périgord se voit recommandée à Mitterrand par Joël Robuchon,ben oui c'est pas par le colonel KFC,on n'est pas à la cantine de chez Renault,et se trouve propulsée dans un monde ruisselant d'oseille qui tient plus de l'Ancien Régime que de la "gauche au pouvoir".Parce que pour s'empiffrer aux frais du contribuable,les socialos se posent un peu là,le changement c'était pas maintenant.François et sa clique évoluaient avec ravissement au milieu d'un effectif de serviteurs pléthorique et se pavanaient sous les ors de la République.Là-dedans,ça grouille de cuisiniers,de secrétaires,de valets de pied,de femmes de chambre,d'ouvreurs de portes,de cireurs de pompes,de torcheurs de culs,de passeurs de vaseline et autres employés indispensables à la bonne marche de l'Etat.Le président se comporte à l'occasion en prince capricieux,faisant poireauter en antichambre des gens importants pour échanger des recettes de cuisine avec sa gâte-sauce préférée,le chic rock'n roll à la Louis XIV!Mais attention,on rend hommage aux vraies valeurs culinaires françaises auxquelles le père François était presque autant attaché qu'aux valeurs allemandes.Ainsi,Hortense est valorisée en tant que tenante d'une cuisine de terroir naturelle bien supérieure aux afféteries des jean-foutre de la cuisine centrale.Pas des tocards pourtant ces gars-là,on n'embauche pas au Château des mecs comme Raoul,celui qui tient "L'Estanco" sur la Nationale 20 près de la décharge,et dont la spécialité est le plateau de boulettes de gras frites à l'huile de vidange et roulées à la main après s'être essuyé le derche au papier extra-fin sans passer par la case lavabo.Ah que tout ceci est loin de nos petits marquis de la gauche caviar néanmoins si proches du peuple,eux qui vivent dans un monde où la moindre bouteille de pinard coûte 500 euros.Mais ces habitudes dispendieuses vont toutefois trouver leur terme quand un nouveau responsable est nommé.Alors lui,il est présenté comme le parfait sale con.Pensez,il veut qu'on fasse des é-co-no-mies!Vraiment pas cool le gus,un véritable empêcheur de se goinfrer en rond.Mitterrand n'est pas content mais la situation devenait déjà précaire à l'époque et il doit laisser faire.Hortense est encore moins contente.Fini les commandes somptuaires aux petits producteurs bio hors de prix,fini les patates à dix euros pièce transportées sur des centaines de kilomètres.Ulcérée qu'on lui retire le carnet de chèques qui lui permettait de dilapider joyeusement l'argent des français,la donzelle démissionnera de son poste sans que personne ne songe à la retenir.Ce qui est bien aussi dans ce film,c'est qu'au-delà de toute considération financière,il offre une image prestigieuse de la cuisine française,de loin la meilleure du Monde,et met en valeur son raffinement.Ca donne carrément faim,contrairement à certains films culinaires parfaitement écoeurants,genre "Julie et Julia".Catherine Frot,avec son air mi-crétin mi-madré et son balai dans le derrière,est toute indiquée pour tenir le rôle principal.L'attraction du film était la présence en Mitterrand de l'écrivain et journaliste Jean d'Ormesson,qui faisait ici l'acteur pour la première et dernière fois.Plus mort que vivant,il avait 87 ans à l'époque et mourra en 2017,il est encore plus mauvais comédien qu'on ne l'aurait imaginé et parait en plus mauvaise santé que son modèle qui ne respirait déjà pas la forme.Les seconds rôles sont bien choisis,notamment ceux qui incarnent les gangsters en costards,euh non on dit des hauts fonctionnaires.Il y a le toujours impeccable Hippolyte Girardot,un Jean-Marc Roulot savoureux en maître d'hôtel coincé et distingué,Philippe Uchan qui porte la fausseté et l'hypocrisie sur son visage,le très bon Laurent Poitrenaux qui donne à chaque fois une dimension supérieure à son personnage,et l'excellent Thomas Chabrol.Arthur Dupont,sobre pour une fois,est formidable en jeune pâtissier volontaire et dévoué.

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le 14 août 2020

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