Les Schtroumpfs et le Village Perdu, c'était quelque chose de presque inespéré, surtout au vu des deux adaptations live qui l'ont précédées. ces deux films qui se servaient des albums uniquement parce qu'il n'y avait plus de papier toilette alors qu'une envie très pressante se manifestait soudain. Ces deux oeuvres qui se plaisaient à détruire sans vergogne l'univers né sous le coup de crayon de Peyo, à précipiter ses petits êtres bleus dans une réalité new yorkaise totalement en opposition avec le matériau d'origine tout en les cantonnant au rôle de faire-valoir. Et qui n'hésitaient pas plus à faire sombrer ses personnages les plus emblématiques dans la fange de la honte, faisant pisser Gargamel dans un saut à champagne au milieu d'un grand restaurant. Horri-bleu, tout cela, si vous voulez mon avis.
La troisième tentative est donc la bonne, repoussant l'assassin Raja Gosnell comme simple producteur et ayant recours aux services de Kelly Asbury, l'un des gars qui a lancé la franchise Shrek pour le compte de DreamWorks Animation. Pas le pire des manchots, au contraire. Quelqu'un de solide et de capable, à même de ressusciter une licence jusqu'ici proprement honteuse et indigente, tout en la débarrassant de son environnement de film live hors sujet. Avec Les Schtroumpfs et le Village Perdu, l'animation reprend enfin ses droits, pour le meilleur.
Et en forme de semi-surprise pour ceux, comme le masqué, qui ne se souvenaient plus que la Schtroumpfette, la seule fille du village, avait été créée par Gargamel. Le film, de manière astucieuse, tire parti de cette genèse pour la pousser sur le devant de la scène et la plonger dans une véritable crise d'identité. Pour essayer d'apporter la réponse à la question toute enfantine, frappée au coin du bon sens : Les filles, ça sert à quoi ?
Le Village Perdu entraîne donc ses héros, sous prétexte d'un joli film d'animation et d'aventures sans temps mort, dans une quête d'identité et de découverte du sexe opposé, à destination d'un jeune public qui y trouvera à coup sûr son compte, dans des décors aux couleurs vives et extrêmement chatoyantes qui raviront leurs yeux d'enfants, tout en renouant avec l'environnement des bandes dessinées. L'aventure est diablement bien rythmée, entre séquences de glisse fugitive, course poursuite, stampede à dos de mignons lapins phosphorescents, rafting improvisé et acrobaties aériennes, tirant partie d'une 3D, les lunettes sur le nez, assez bien exploitée.
Si l'on reste dans un classicisme immuable, une simplicité franche sans pour autant être naïf, Les Schtroumpfs et le Village Perdu fait preuve d'une efficacité qui fait chaud au coeur et redonne la foi. Si l'on reste dans les chemins balisés de la bonne morale finale et de sa chanson pimpante, le film divertit et est rondement mené. Il arrivera même à disserter sur son aspect assez girl power jamais trop appuyé, tout en parlant à cette part d'enfance qui ne se résout pas à s'effacer, celle qui a été bercée par l'antique série animée dont le générique, je me souviens, était chanté, déjà, par Dorothée, tous les mercredis matin.
C'est cool, finalement, Les Schtroumpfs et le Village Perdu, sans prétention et affichant une certaine fraîcheur qui réjouit, dénuée d'ambition autre que celle de divertir et d'amuser. En forme idéale de sortie cinéma conseillée en cette période de vacances.
C'est déjà beaucoup.
Behind_the_Mask, born to be blue.