Stanley Kubrick, réalisateur anglais, a créé lors de sa carrière plusieurs films qui parlent de guerre et d'armée, critiquant plusieurs pans de celle-ci. On pense à Full Metal Jacket où, dans sa première heure, parle de l'entraînement inutilement poussif des soldats, ou de Dr. Strangelove qui présente la Guerre Froide d'une façon absurde et satirique, avec en tête les personnages du général paranoïaque et le scientifique nazi.
Mais son premier long-métrage sur la guerre est celui dont il est question ici, à savoir Les sentiers de la gloire - ou Paths of glory en version anglaise - qui lui prend position sur les exécutions faites lors de la Première Guerre Mondiale par l'armée française, ceux tués "pour l'exemple" et oubliés par la suite. La sortie du film dans les salles sombres françaises fut, parce qu'on déconne pas avec les généraux français tout beaux tout propres, repoussée de 18 ans (de 1957 à 1975), même si on peut noter qu'au moins, le film n'a pas été censuré.
Donc, en 1916, le général Broulard (Adolphe Menjou) demande à son subordonné, le général Mireau (George Macready), d'envoyer sa division dans une mission suicide afin de prendre contrôle de la Fourmilière, point clé de la défense allemande.
L'assaut se déroule mal, les hommes tombant comme des mouches dans le No Man's Land, et Mireau, fou de rage que ces hommes mettent en péril sa gloire, décide d’exécuter une centaine de soldats pour l'exemple. Il n'en sera retenu que 3 - un déserteur, un homme n'ayant pas avancé suffisamment selon ses supérieurs, et un homme évanoui durant l'assaut-, et le colonel Dax (Kirk Douglas), colonel de cette division, va les défendre afin d'essayer de sauver ses hommes.
S'ensuit une phase de procès où Dax, incarnant la Défense, fait face, impuissant, aux attaques de l'Accusation, avec les juges dans sa poche. Les commandants de l'armée étant ceux qui dominent la Loi militaire, et voulant avant tout "motiver les troupes en leur montrant les conséquences de leurs "crimes", le verdict annoncent les accusés Coupables et écopent de la peine capitale.
Les généraux, véritables fautifs de l'affaire, ambitieux à souhait et aveuglés par leur idéologie, s'en sortent (à l'exception de Mireau, dû à son ordre complètement aberrant de bombarder ses troupes dans les tranchées), le film nous expose ici une critique de ces hauts-gradés, car pour un Mireau arrêtés, d'autres généraux avides de prestiges et cyniques ont certainement fait d'autres actes répréhensibles, mais sont exemptés de ceux ci. Notons que tout au long du film, les "Boches" sont invisibles, alors qu'ils étaient les ennemis officiels de l'armée française, alors que le film, lui, nous présente les généraux et sa structure comme véritables ennemis.
Le film se ferme sur une scène dans un bar, seul moment d'espoir du film, où une allemande chante alors que des soldats français hument la mélodie, avant de retourner au champ de bataille, où la mort et l'injustice vous attendent, en marchant sur les Sentiers de la gloire.