Axiome 1 : Ce n'est pas parce qu'un film a été interdit pendant des années que c'est forcément un chef d'œuvre. Axiome 2 : Ce n'est pas parce que le propos d'un film est intéressant et fort qu'il devient un chef d'œuvre. Axiome 3 : Ce n'est pas parce que c'est du Kubrick que c'est obligatoirement un chef d'œuvre. Et cela étant posée on peut enfin poser l'axiome 4 : Ce n'est pas parce qu'un film n'est pas un chef d'œuvre qu'il est forcément mauvais. Mais voyons les choses objectivement : le film a des défauts, ils sont de quatre sortes : Les erreurs de contexte (on ne rend pas la justice en France comme aux Etats-Unis, les auteurs auraient pu se renseigner). L'absence de rigueur dans la psychologie des personnages (ainsi le général Mireau, qui se présente comme un humaniste devient un quasi criminel de guerre sur la simple promesse d'une promotion). Le côté excessivement théâtral des dialogues et des situations (qui vire même à l'absurde quand Douglas cite Samuel Johnson), et appelons les choses par leur nom : le ratage de certaines scènes, le cheminement du condamné à mort accompagné du prêtre vers le poteau d'exécution, ce n'est pas bon, quant à scène finale, ce n'est plus la guerre de 14-18, c'est bienvenue chez bisousnours. Voilà des propos fort sévères, mais le film se laisse néanmoins regarder, la progression dramatique tient à peu près la route, la scène de revue dans les tranchées est splendide, Kirk Douglas joue bien et le propos sous-jacent reste fort. On va dire que c'est une bonne série B, mais pas plus.