En 1916, le général français Broulard (Adolphe Menjou) ordonne au général Mireau (George Macready) de lancer une offensive suicidaire contre "La fourmilière", troupe allemande imprenable. Au moment de l'attaque, les soldats se font tuer par dizaines si bien que leurs compagnons, épuisés, refusent de reprendre l'attaque...
En 1957, Stanley Kubrick était le réalisateur qui monte grâce en particulier au succès de son troisième film "L'ultime Razzia". C'est grâce justement à son succès que les studios acceptent de produire son prochain film. Mais le financement n'est pas suffisant, les Majors refusant d'accorder plus de crédits à ce qui deviendra "Les sentiers de la gloire" à cause de son sujet malgré un scénario écrit par Kubrick, Calder Willhingam et le romancier Jim Thompson. Mais James B. Harris, un des coproducteur, décide d'envoyer le script à Kirk Douglas. Il est si enthousiaste qu'il accepte de le produire en partie via sa société Bryna. La légende veut que Kirk Douglas aurait dit à Kubrick "Stanley, je crois que ce film ne fera pas un rond mais il faut absolument le tourner." !
Kirk a eu du nez: le film ne rapportera pas d'argent vu son sujet brulant et tabou. Le scénario des Sentiers de la gloire est adapté du livre homonyme de Humphrey Cobb qui s'est lui même inspiré de faits réels: 2500 soldats français ont été condamnés à mort par les conseils de guerre dont 600 furent vraiment fusillés pour l'exemple pour des motifs tels que abandon de poste, refus d'obéissance...
Kubrick frappe un grand coup avec cette démonstration implacable montrant l' inhumanité de la haute hiérarchie militaire considérant les soldats comme des pions ce qui en fait un des premiers films (le premier?) antimilitariste de l'histoire du cinéma . Mais c'est aussi le combat d'un homme révolté et désespéré par ce qu'il voit à travers le personnage Colonel Dax (Kirk Douglas).
Ce n'est pas un film de guerre comme les autres: Stanley Kubrick ne nous montre jamais les allemands parce que ce n'est pas ce qui l'intéresse. La guerre, pour lui, se situe entre les officiers et les soldats français.
La mise en scène est un modèle du genre. Les rares scènes de guerre que l'on voit dans le début du long métrage restent encore aujourd'hui impressionnante tout comme la scène du tribunal.
Les acteurs sont au diapason de la réalisation à commencer par George Macready excellent en général exécrable, Adolphe Menjou parfait en général cynique. Les acteurs jouant les soldats condamnés à mort sont très bons également. Mais la palme revient à Kirk Douglas époustouflant en colonel, avocat dans le civil. Incontestablement un de ses plus grands rôles.
Stanley Kubrick signe un film sans concession, le superbe noir et blanc rendant le long métrage encore plus glacial. Et surtout pertinent et dérangeant au point que "Les sentiers de la gloire" sera interdit en France pendant des années . Il ne sortira qu'en 1975 soit 17 ans après sa réalisation. En tant que spectateur on ne peut être que révolté par l'attitude des hauts placés. Le genre de film qui marque longtemps et c'est pour cela qu'il est considéré, à juste titre, comme l'un des plus grand films de guerre de l'histoire du cinéma. Un chef d'oeuvre !