A l'ancienne
Les sentiers de la Perdition est un beau film de gangsters, qui sait prendre son temps pour raconter une bonne histoire. L'histoire de ces éternels gangsters qui se trahissent, se déchirent et se...
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le 30 déc. 2012
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Les Sentiers de la perdition est le second film de Sam Mendes après American Beauty et c'est aussi, de mon point de vue, son deuxième meilleur film (derrière qui vous savez). Les deux premiers films de Sam Mendes sont toujours à l'heure d'aujourd'hui, au moment où j'écrit ces quelques lignes, mes deux films préférés du réalisateur britannique. Ce sont aussi les deux seuls films de Sam Mendes avec le directeur de la photographie Conrad L. Hall, qui décèdera peu après la sortie du film sur grand écran. Même ceux qui sont allergiques au cinéma de Sam Mendes, parce que très lent et un rythme très particulier, reconnaissent la beauté de la photographie de ses films (et en particulier de ses deux premiers films avec Conrad L. Hall).
Les Sentiers de la perdition est une quête de vengeance et de rédemption, qui prend place dans les années 30 à Chicago. Tom Hanks est Michael Sullivan, un tueur à gages qui essaie tant bien que mal de cacher ses activités "illicites" à sa petite famille. Sa femme Annie (Jennifer Jason Leigh) se doute bien de quelque chose, mais ses deux enfants ne savent rien sur ses réelles activités. Quant à Paul Newman, il interprète un "parrain" de la mafia locale John Rooney. C'est un père de substituions pour Tom Hanks, qu'il considère encore plus que son vrai fils Connor (Daniel Craig). Un jour, l'un des fils de Michael, le fils le plus âgé de douze ans Michael Sullivan Jr (Tyler Hoechlin), assiste par mégarde à sa dernière exécution. Le reste du film verra Tom Hanks fuir avec son fils de ceux qui veulent les faire taire.
Le film s'articule autour de trois relations père-fils, Michael Sullivan-Michael Sullivan Jr, John Rooney-Michael Sullivan et John Rooney-Connor Rooney. Tout semble indiquer ici qu'on se dirige vers un bain de sang, comme dans bon nombre de films de gangsters. Le fils de Michael est ambivalent au sujet de son père, il semble l'adorer et en même temps il le tient responsable de ses crimes. Dans cette période de crise économique des années 30, Michael doit son style de vie confortable à John. Le fils de John est comme Sonny Corleone, trop lâche pour prendre en charge les activité de son père vieillissant et sans héritier apparent. Toutes ces relations fonctionnent comme dans une structure en pyramide, avec au sommet les pontes de l’organisation mafieuse plus large et eux qui sont tout en bas.
Les Sentiers de la perdition un film noir avec une palette de couleurs sombres. Sam Mendes voulait même le filmer en noir & blanc, mais les producteurs Richard Zanuck et son fils Dean n'étaient pas du même avis et ne le laissa pas faire, malheureusement. Le film de Sam Mendes n’a pas la grandeur d'une épopée comme Le Parrain de Francis Ford Coppola, mais il réussit à évoquer un système judiciaire de l’Ancien Testament, où c'est "œil pour œil, dent pour dent". Le motif de vengeance est très dominant durant tout le film et vient nourrir l'autre motif du film, la relation père-fils ...
Au final, Michael Jr apprend des erreurs de son père et en tire une morale. Il ne veut pas avoir du sang sur les mains et décide donc de ne pas suivre les traces de son père.
La cinématographie du film est superbe, l’une des plus belles des années 2000. Conrad L. Hall remporta d'ailleurs son troisième Oscar pour ce film, après ceux remportés pour Butch Cassidy and the Sundance Kid et pour American Beauty. Quant à la reconstitution du Chicago maussade des années 1930, elle est superbe elle aussi. La BO de Thomas Newman n'est pas en reste, c'est l’une de ses meilleures partitions, lancinante, hypnotique et douloureusement mélancolique. Le film bénéficie vraiment de la collaboration des plus grands talents de l'époque, avec Sam Mendes en parfait chef d'orchestre.
Tom Hanks est la quintessence de l'acteur qui peut tout jouer. Ici il joue pour la première fois un tueur à gages de sang-froid et qui parle peu. Ses yeux et ses expressions faciales suffisent à faire passer tellement de sentiments. Dans son tout dernier rôle sur grand écran, Paul Newman a rarement été plus intimidant qu’ici. Dans un rôle très éloigné de ses rôles habituels, Jude Law est un tueur à gage excentrique. Son personnage est un peu unidimensionnel (certains diront caricatural), mais toujours intéressant et très bien interprété. Daniel Craig excelle également dans un rôle atypique pour lui et le jeune Tyler Hoechlin tient tête aux plus grands. Quant à Jennifer Jason Leigh, Ciaran Hinds et Stanley Tucci, leurs présences à l'écran sont trop réduites pour vraiment les juger.
Les Sentiers de la perdition n'est pas pour autant un film parfait. Beaucoup de personnages sont sous exploités, à commencer par Jennifer Jason Leigh. Quant à Jude Law, il surjoue un peu et semble sortir d'un autre film. Et puis le film démarre sur un faux rythme et prend peut-être un peu trop de temps avant de réellement démarrer. Mais si les dix premières minutes vont vous paraitre trop lentes, c'est parce que Les Sentiers de la perdition est l'un de ces films qui montent en tension au fur et à mesure qu'on se rapproche de la fin ... et croyez-moi, le voyage en valait vraiment la peine.
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le 31 oct. 2022
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