Il y a vraiment deux niveaux d'appréciation de ce très long métrage.
Tout d'abord, sur un plan cinématographique, soyons clairs, c'est plutôt un nanar genre série Z. Pour un film dont le point d'orgue est l'aviation, japonaise et chinoise, il est risible de constater que la CGI n'est même pas digne d'un jeu vidéo moderne.
Les explosions avec corps virevoltants se suivent inlassablement.
Mais s'il n'y avait que cela, je conseillerais de fuir immédiatement ce machin.
Il y a pourtant de nombreux points qui 'méritent' d'investir un peu de temps dans la vision de ce film.
Tout d'abord, le fait que ce film soit chinois. De chine. Pas de Hong Kong. Et c'est cela qui en fait un objet digne d'intérêt.
En effet, les productions cinématographiques chinoises sont soumises à un contrôle très serré des autorités et tout ce qui touche à l'histoire de l'empire du milieu est particulièrement scruté, filtré, formaté.
Dans ce film, on retrouve un grand nombre d'incontournables. Les Japonais sont méchants et vicieux (C'est vrai qu'ils n'ont pas été très cools avec les Chinois et n'ont pas grand chose à envier aux nazis dans leur côté impitoyable), Le Chinois est fier, nationaliste, endurant, et patriote, mais également sentimental.
Par contre, j'ai été surpris de voir que les avions arborent la cocarde de la chine nationaliste de Chang Kai Chek. C'est pourtant une vérité historique, car les Polikarpov que pilotent les courageux pilotes ont été offerts par l'URSS, mais aux nationalistes, pas aux communistes dont se méfiait Staline. C'est intéressant de constater que cette vérité historique a passé le filtre Pékinois quand on sait que la Chine nationaliste, réfugiée à Taïwan, n'est pas vraiment la tasse de thé (vert) du gouvernement central.
On notera que le seul avion occidental, le P40, est unique et a vraisemblablement été vendu, pas donné, par les Etats Unis d'Amérique !
Alors bien sûr, c'est Sino centré, porteur de valeurs morales fortes, mais finalement, n'est-ce pas un juste retour des choses lorsque l'on pense que l'on a été abreuvés de valeurs similaires pendant des décennies, exportées par l'oncle Sam. La Chine s'est réveillée et commence à déployer son impérialisme culturel au même titre que les étasuniens l'ont fait depuis longtemps.
Afin de donner une chance à leur production, appel a été fait à quelques têtes d'affichage LaoWai (occidentales). Bruce Willis (qui a ajouté comme clause à son contrat que sa fille devrait aussi faire partie de l'aventure !!!), Adrian Brodi, dont on se demande ce qu'il vient faire dans cette galère. Ils sont la caution internationale destinée à donner une chance à ce film hors les murs. Il y a encore du boulot !
Pour beaucoup, la découverte des horreurs de la seconde guerre mondiale en Asie est nouvelle. Eux aussi, ont eu leur Dresde, ou leur 'Le Havre' (Parlez donc du bombardement de la ville par les Anglais à ma mère...), sans parler des horreurs infligées aux populations civiles par les Japonais, comme celles de Nanjing (Nankin) ou des camps qui ont eux aussi fait des millions de morts !
C'est le basculement actuel du monde qui rétablit un peu l'équilibre en nous rappelant que l'histoire du monde, c'est certes la méditerranée et l'Atlantique, mais c'est aussi toute cette partie du monde qui a connu les sciences, des économies et des religions qui n'ont vraiment rien à envier aux nôtres,en même temps, sinon avant l'occident. Si nous n'avons pas vu ce monde avant, c'est tout de même en grande partie par la volonté des empereurs chinois qui souhaitaient d'abord protéger leur frontières avant de s'aventurer plus avant.
En résumé, nul n'est besoin de se précipiter sur le film... Mais si vous êtes ouverts au monde, je le conseille dans ce qu'il a d'annonciateur des productions cinématographiques à venir.