Ce sont toujours les paysans qui gagnent
Oui, oui et oui, c'est unanime : le film original, Les sept Samouraï, de Kurosawa, est meilleur (même si, en ce début des années 60, il n'existait que dans une version raccourcie). Mais Sturges, malgré son talent, n'a jamais été Kurosawa. Il ne s'en est même jamais approché. Alors, laissons de côté le chef d'oeuvre nippon et observons de plus près ce classique qui mérite d'être vu. Et revu. Et re-revu. Etc.
Car Sturges n'est quand même pas un incompétent, loin s'en faut. C'est un très bon "faiseur", une sorte d'artisan du cinéma (comme il en existait beaucoup à Hollywood à l'époque) plutôt talentueux. Et les Sept mercenaires en apportent la preuve : le film est solidement réalisé, les acteurs sont bien dirigés (et ça ne devait pas toujours être simple de faire travailler ensemble des ego aussi surdimensionnés). Le scénario est parfois un peu inégal, on note quelques temps morts, mais on se passionne très vite pour les personnages.
On pourrait cependant formuler ici un léger reproche : on ne connaît rien des paysans. A part le doyen du village, les autres se fondent dans une masse obscure. C'est peut-être là le défaut majeur du film. Surtout que cette absence d'individualisation rend la conclusion difficile à avaler : les paysans sont les vainqueurs ? Eux dont on s'est moqué pendant le film ? Vraiment ?
Ceci mis à part, c'est un grand film. Pour conclure, on ne peut, évidemment, que signaler l'exceptionnelle partition d'Elmer Bernstein. Cette musique, qui est quasiment omniprésente et entêtante. Inoubliable.