John Sturges transpose les Sept samouraïs de Kurozawa dans le Mexique du XIXème siècle et en fait un western mythique de chez mythique. Cette histoire de villageois misérables qui demandent de l'aide à des chevaliers de fortune pour se défendre contre des pillards, valait pour tous les pays qui ont connu semblable mésaventure. Mais le traitement était trop Japonais pour atteindre le grand public ; le cinéma américain a ce dynamisme et cette aisance de pouvoir reprendre un scénario selon les critères hollywoodiens et en l'adaptant à l'universalité. Sturges fait donc des samouraïs de Kurozawa des pistoleros qui viennent épauler de pauvres peones pour une poignée de pois chiches, en venant chercher l'aventure, cueillir leur destin ou s'offrir de l'action. John Sturges n'est pas Kurozawa, mais c'est un excellent directeur de films d'action qui fut souvent critiqué par des critiques français intellos ne sachant pas rêver et ne voulant pas reconnaitre la perfection.
J'avoue que les Sept samouraïs n'est pas sans défaut, et ne m'a pas toujours emballé, aussi ce que les Sept mercenaires perd peut-être en humanité, il le gagne en rythme et en efficacité. L'interprétation a marqué bien sûr, elle révélait des acteurs dont la carrière allait devenir brillante, hormis Yul Brynner qui était déjà une star depuis les Dix commandements ; la démarche virile de Yul tout de noir vêtu, la morgue goguenarde d'Eli Wallach, le charme cynique de James Coburn, la décontraction de Steve McQueen... participent à l'attrait du film, et la réunion même de ces mercenaires très typés est un vrai régal.
D'un autre côté, le personnage de Calvera joué par Wallach est le méchant malin qu'il faut valoriser et rendre aussi intéressant pour que le public ne le rejette pas totalement, d'où une interprétation subtile. Un autre élément très important vient soutenir de façon magistrale le film : c'est la musique d'Elmer Bernstein, avec ses thèmes carrés et ses mélopées mexicaines très évocatrices qui servent beaucoup l'action de ce qui reste comme l'un des derniers grands westerns à trame classique. On peut même aller jusqu'à dire qu'il est un peu la jonction entre le western à l'ancienne et les westerns transalpins ; l'âpreté des combats et le personnage un peu surjoué de Calvera annoncent légèrement l'arrivée du western spaghetti.
Au final, c'est un chef-d'oeuvre pur, net, sans bavures, réalisé par un spécialiste rompu à ce style. Un de mes films préférés que j'ai vu très jeune au cinéma lors d'une reprise d'été, et que j'ai vu et revu à la télé et en DVD (j'ai la version collector, c'est un des premiers DVD que j'ai acheté quand je me suis offert un lecteur), j'entretiens donc un rapport affectif spécial avec ce western qui figure dans mon top10 films et n°3 de ma liste le Best of du Western.