"Les Sept Samouraïs" compte sans doute parmi les films les plus célèbres de Kurosawa, mais constitue aussi l'une de ses réussites majeures : dans cette vaste fresque aussi épique dans le mouvement d'ensemble que subtile dans le détail, les numéros d'acteurs importent moins que l'opposition entre des personnages représentant des castes sociales bien distinctes.
La triade bandits / paysans / ronins - c'est-à-dire des samouraïs mercenaires - est au coeur de l'équilibre dramatique du film, et se trouve tout entière résumée dans le personnage interprété par Toshirô Mifune avec un panache inégalable. A cette richesse psychologique répond une cinématographie d'une élégance suprême, jamais tape-à-l'oeil et pourtant inoubliable, tant la fluidité de la caméra de Kurosawa semble se calquer sur celle des éléments naturels, omniprésents.
Il faut absolument se laisser emporter, puis séduire, par cette chronique très humaine de la lutte d'un village plutôt lâche contre des bandits : le recrutement des samouraïs et la rencontre des amants dans la nature en fête restent pour moi parmi les plus sublimes moments de cinéma de ma vie de cinéphile...
[Critique écrite en 1999]