J’ai eu la chance de découvrir Les sept samouraïs au cinéma, sans cette occasion j’aurai certainement pris beaucoup plus de temps pour oser me lancer. Le métrage a plus de 70 ans aujourd’hui, il dure 3h30 et il bénéficie d’une aura de film culte, de chef d’œuvre. Dans ces conditions on a toujours un peu peur de s’ennuyer, de passer à côté, de sortir déçu et frustré.
Alors, qu’en est-il ?
Tout d’abord, je dois dire que la durée du film est totalement justifiée, oui c’est long, mais c’est terriblement bien rythmé et ces 3h30 permettent à Kurosawa de traiter des sujets qui l’intéressent, en profondeur mais sans lourdeur. On peut découper Les sept samouraïs en trois partie :
- Une première heure d’exposition, d’abord de la situation du village et de ses membres puis des sept samouraïs par une caractérisation forte les rendant facilement identifiables pour le reste du récit.
- Une deuxième heure de préparatif, le calme avant la tempête, mais surtout la rencontre entre villageois et samouraïs. La confrontation de classes, de castes, avant celle plus guerrière de l’affrontement de la dernière partie. Ce deuxième acte est avant tout un moyen de creuser les personnages, et de développer tout un tas de sujets qu’on s’attend ou pas à croiser dans un récit d’aventure : la relation maitre-apprenti, les premiers émois amoureux, la relation surprotectrice père-fille, le mariage et la perte de l’être aimé, la méfiance entre deux castes pourtant interdépendantes etc. Vaste programme donc, et pourtant très digeste puisque l’ensemble est distillé par petites touches, très naturellement, au sein d’un schéma narratif qui ne perd jamais son fil. Il y a de la maitrise dans cette construction.
- Et enfin, alors qu’on l’a presque oublié, le récit d’aventure fait son grand retour, tonitruant, dans une dernière heure et demie d’affrontements. Une bataille ou non seulement le récit principal vient trouver son aboutissement, très classique et attendu mais bien maitrisé, mais également une bataille durant laquelle d’autres thèmes viennent se développer et durant laquelle les personnages continuent de se dévoiler et d’évoluer.
D’autre part, j’ai été étonné de découvrir un film très drôle, et volontairement. Ce à quoi je ne m’attendais pas forcément.
Visuellement, Le sept samouraïs est également une franche réussite, les décors naturels et le peu d’artifice utilisés rendent les images encore très belles. Et la fluidité de la mise en scène vient faire écho à celle de la narration, il n’y a qu’à voir l’affrontement final : sous la pluie, dans la boue et les flammes, à cheval et à pied, avec des dizaines de participants et parfaitement lisible. Nous ne sommes définitivement pas devant un film ennuyeux ni trop long.
Reste l’âge et l’origine, qui peuvent être des freins tant certains codes peuvent être des obstacles voir des repoussoirs.
Décidément, difficile de noter une telle œuvre.