On était pourtant contents de les voir, ces deux-là. Louise (Catherine Frot), esthéticienne au Mans, Martine (Isabelle Huppert), oisive à Paris. Deux frangines très dissemblables, qui n'ont pas l'air d'avoir un passé follement complice. Elles ne se sont pas parlé depuis trois ans, et la Mancelle bavarde, naturelle et romanesque, prévoit de passer trois jours chez la Parisienne bourgeoise, coincée, névrosée.
Situation intéressante, pouvant déboucher aussi bien sur un (mélo)drame tchékhovien que sur une jolie comédie psychologique. Et puis un simple dames Frot-Huppert, à priori ça se laisse regarder.
Malheureusement, à peine une demi-heure et tout est dit: l'histoire tourne en rond, les personnages n'évoluent pas, aucun rebond ni rebondissement, pas de ressorts inattendus, ni dribbles ni contre-pieds, et des plans qui traînent, traînent comme si la réalisatrice voulait stabiler son propos.
Nous tiennent éveillés cependant la faconde faussement bécasse de Catherine Frot, mais qui semble se demander parfois comment faire avancer son personnage, la tristesse narquoise de Berléand (dans le rôle du mari de Martine) ici à son meilleur, et les éclats d'Isabelle Huppert qui malgré un scénario schématique, parvient à montrer dans sa Martine à cran un vrai bloc de souffrance.
Mais tout ça n'empêche pas le film de piétiner et nous d'attendre avec une certaine impatience que la Louise reprenne le train. Et pourtant on était vraiment contents de les voir. C'est ballot quand même !