La danse de sabbat
Si Les sorcières d'Akelarre nous parle aussi d'aujourd'hui, à travers une chasse aux sorcières, c'est non seulement parce que le réalisateur argentin Pablo Agüero (Eva ne dort pas) traite le sujet de...
le 8 mai 2021
29 j'aime
1
Sous la houlette de Pablo Agüero, Les Sorcières d’Akelarre se montre être une proposition inégale entre richesse thématique et choix de mise en scène.
La mise en scène, parfois inspirée mais souvent erratique, vacille sous le poids d’un montage chaotique où les jump cuts, les cadrages incertains et les ellipses maladroites brouillent la narration plus qu’ils ne l’enrichissent. Ce qui aurait pu être une immersion captivante dans une histoire diablement entraînante ne conserve que son essence thématique.
Pourtant, dans ce cadre spatio-temporelle défini, baigné d’une nature onirique, où la forêt, la falaise et la mer semblent s’unir sous l’aura hypnotique du feu, surgissent des moments de pure poésie visuelle.
Quant à la narration, le film explore avec subtilité la fabrication de la vérité, où les juges, figures de pouvoir masculins, projettent leurs fantasmes et ceux de l'église sur les femmes pour justifier l'oppression et le maintien de l'ordre social.
Les accusées retournent cette narration contre leurs oppresseurs, utilisant le sabbat comme un espace imaginaire où elles échappent à la domination. Les chants et danses deviennent des formes de résistance symbolique. Les interrogations du juge, obsédé par les détails des prétendus sabbats, sexualisent et objectivent les accusées. Ce voyeurisme symbolise le désir patriarcal de posséder et de contrôler les femmes.
Au final, malgré quelques éclairs de génie et une dénonciation pertinente, le film reste en demi-teinte. Il caresse la subversion sans jamais l’étreindre pleinement, tâtonnant là où il aurait dû trancher, effleurant des thèmes puissants sans jamais leur donner la consistance qu’ils méritent.
Créée
le 7 déc. 2024
Critique lue 3 fois
5 j'aime
D'autres avis sur Les Sorcières d'Akelarre
Si Les sorcières d'Akelarre nous parle aussi d'aujourd'hui, à travers une chasse aux sorcières, c'est non seulement parce que le réalisateur argentin Pablo Agüero (Eva ne dort pas) traite le sujet de...
le 8 mai 2021
29 j'aime
1
Faire mien les mots du poème La Femme et la flamme d'Aimé Césaire pour peindre Les Sorcières d'Akelarre qui est "un dragon dont la belle couleur s'éparpille et s'assombrit jusqu'à former l'inévitable...
Par
le 29 nov. 2020
23 j'aime
2
« Rien n’est plus dangereux qu’une femme qui danse » dit un des personnages du film. En l’occurrence c’est au Pays basque en 1609, aux yeux du pouvoir royal allié à l’Eglise que les femmes...
Par
le 9 juil. 2021
15 j'aime
4
Du même critique
La fascination, à l'instar de "Chambres rouges" et son actrice principale, trouve son pouvoir dans l'inexpliqué et dans sa faculté d'éveiller une admiration intense. À travers des clés de...
Par
le 28 janv. 2024
16 j'aime
Grumberg choisit la fable et Hazanavicius l'animation pour aborder la dés.humanisation, et ainsi transcender les limites de sa représentation. La simplicité apparente de la forme, qu’il s’agisse de...
Par
le 1 oct. 2024
15 j'aime
1
À travers le dédale des couloirs du Vatican, "Conclave" installe un théâtre où résonnent les échos d'ambitions voilées et de murmures calculés. Pourtant, derrière la façade d'un thriller religieux où...
Par
le 30 nov. 2024
13 j'aime