Un petit bijou de cinéma fantastique et décontracté. Effectivement l'histoire peut désorienter, les trois sorcières ici ne sont pas des fées Carabosse mais des créatures de rêves qui se satisferaient bien d'un Prince Charmant. Le soucis c'est que le prince charmant en question il est atypique, le scénario est intelligent et a fait de Nicholson un personnage complexe. Macho ? Grossier ? C'est une façon de voir les choses, on peut aussi dire qu'il jette aux orties les codes de la drague "convenable". Et puis quand il rentre dans l'église proférant ses quatre vérités aux bigots, on ne peut vraiment pas le détester… Voir ce film sous les seuls lunettes du féminisme est forcément réducteur, il s'agit plutôt d'un brulot qui sans se prendre au sérieux donne de jolies ruades aux principes de la morale bourgeoise. Voir trois femmes accepter d'être simultanément les maîtresses du même homme, on ne voit pas ça tous les jours ! Les trois actrices principales (Cher, Michèle Pfeiffer et Susan Sarandon) sont resplendissantes, Nicholson a l'occasion de donner libre cours à son cabotinage, mais reste excellent. On notera aussi la prestation de Veronica Cartwright dans un rôle difficile mais savoureux. Certaines scènes sont hallucinantes, le sermon de Nicholson dans l'église, bien sûr mais aussi cette séquence fabuleuse ou Susan Sarandon fait jouer "La petite musique de nuit de Mozart à ses élèves en sautillant comme un cabri. C'est léger, frivole, décontracté, charmant, inventif, bien réalisé, doté d'une bonne bande sonore, et finalement très réjouissant. Quant à ceux qui ont déploré le manque de rythme il faudra qu'ils m'expliquent !