Bien vs Mal
J'aime bien le petit Ralph. Je n'ai pas encore tout vu de son œuvre, je n'ai pas vu ce qui était considéré comme son chef d'œuvre, mais j'ai un net aperçu de ce dont il est capable. Sa force, c'est...
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le 5 févr. 2014
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Je ne le répétèrai jamais assez, l'animation ne se résume pas qu'à des productions pour enfants. Certes, il y a des films qui peuvent autant parler aux adultes qu'aux enfants, et il y en a qui ne sont destinés qu'aux adultes. Et c'est notamment le cas des films imaginés par Ralph Bakshi, un bonhomme qui a plus ou moins changé le monde de l'animation, et qui est surtout connu pour ses films à tendance comico-érotique comme Fritz the Cat ou Cool World, ou encore sa version du Seigneurs des Anneaux. Mais aujourd'hui parlons un peu d'un film que j'avais très hâte de voir mais dont je repoussais sans cesse le visionnage : Wizards, connu chez nous sous le nom de Les Sorciers de la guerre.
Sorti en 1977, ce film nous place dans un futur post-apocalyptique. Après une holocauste nucléaire, il a fallu à la Terre des millions d'années pour se renouveler, laissant les humains muter dans leurs trous et permettant aux Elfes et autres créatures magiques de prospérer à nouveau. Mais aux confins de ce monde magique vit Blackwolf, un sorcier maléfique qui planifie de détruire les races pacifiques grâce à la technologie militaire des humains. C'est sans compter son frère Avatar, représentant du bien, qui, accompagné par la future reine des fées et un guerrier elfe, décident de se rendre jusqu'au pays sombre pour vaincre le magicien sombre.
Mêlant science-fiction et fantasy, ce film est un ovni de l'animation comme seul Bakshi sais les faire. Entre ode à la fantasy, antimilitarisme, érotisme et provocation, c'est le genre d'univers chtarbé auquel on accroche ou pas du tout. Il y a cette vision old-school et un peu naïve de la magie et de la fantasy, avec des magiciens aux chapeaux pointus et des fées sorties d'un livre de contes pour gosses....et en même temps il y a des tanks, des mutants dégueulasses et des scènes de bataille où de gentils Elfes se font massacrés par des cavaliers sombres.
Ajoutez à cet univers des décors psychédéliques (ou terrifiants selon les moments), des robots et des arrières-plans de fumée de couleur, vous obtenez une sorte de bad-trip fantastique, comme si vous faisiez un rêve fièvreux tout en lisant un Metal Hurlant. Et bien sûr, seventies obligent, la musique aux claviers et à la guitare semble sortir d'un obscur vynil de Krautrock.
En fait, Wizards est plus appréciable pour son esthétique que pour son histoire.
Autant l'idée sur le papier vend un peu du rêve, autant elle s'avère assez décevante. Le film ne dure qu'1h20 et s'achève de manière abrupte, sans réelle conclusion ou véritable changement dans l'univers ou l'état des personnages. Et comme tout oeuvre où on a des personnages aux capacités hors-normes, il y a des couacs scénaristiques. Un exemple tout bête, c'est les protagonistes qui font le trajet jusqu'en Scrotch à pieds alors qu'ils pourraient très facilement se téléporté grâce à la magie !
"Mais si l'histoire est pas ouf, est-ce que la patte artistique vaut vraiment le coup ?"
Alors là mes chéris, c'est à vous d'en décider. Le mêlange de personnages cartoonesques et rondouillards et de créatures aux formes pulpeuses, ça ne plaît pas à tout le monde. Moi-même j'ai eu un peu de mal, et c'est presque ridicule de voir un sorcier surpuissant avoir la même allure qu'un nain de jardin, alors que ses compères sot taillés dans des formes plutôt séduisantes.
Mais ce mix bizarroïde participe à "l'ambiance Bakshi". Croisement entre un produit qui était à l'époque considéré comme enfantin avec des sujets plus matures. Dans Cool World et Fritz the Cat, la sexualité est surtout utilisée à but comique, mais ici, les horreurs de la guerre et le fanatisme de la destruction ne sont pas un gag (bien que les soldats de l'armée de Blackwolf soient plus montrés en bouffons qu'en conquérants).
Et à ça on peut aussi parler de l'autre élément esthétique central du film : l'animation en rotoscopie, et les prises en motion capture. Bon, je ne suis pas expert en l'animation et loin de moi l'idée de recracher un exposé Wikipédia sur comment ça marche, mais chez Bakshi, on retrouve souvent des personnages en prise de vue réelle colorisés et ajoutés à l'animation. Le tout créer un étrange contraste de fluidité qui sert souvent à simuler des armées, comme les Uruk-ai ou les armées de Scrotch. Cette touche étrange a un certain charme désuet, un peu bizarre au début mais relativement stylée.
En somme, Wizards est une curiosité du cinéma d'animation à découvrir. Ça a beau être bancal scénaristiquement parlant, ça a une esthétique cool, quelques bons gags et un propos loin d'être stupide ! C'est le genre d'oeuvre qu'il faut plus apprécié pour la forme que pour le fond.
Je me réjouis d'avance du jour où nous seront tous anéantis et que les fées et les gnomes pourront sortir de terre et reprendre une vie normale !
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le 22 nov. 2023
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