A ce stade, les stagiaires n'est pas un film de publicité mais de propagande. Les trois quarts du film ont pour vocation de montrer à la planète entière à quel point Google est une entreprise cool, jeune et moderne qui a amélioré la vie de milliards d'utilisateurs. Du coup comment critiquer ce film, sans critiquer l'entreprise en elle même et ce principe odieux d'autopromotion.
Il y a deux raisons pour lesquels je n'ai pas aimé le film. Premièrement, je n'ai vraiment rit. Ce qui, vous en conviendrez est assez fâcheux pour un film qui se vente d'être une comédie. Il n'y a même pas de gags à proprement parlé. Juste des dialogues débités à toute vitesse, à base de sous-entendu, d'ironie et de jargons de programmeur incompréhensible pour faire comme dans "the social network" (mais sans en atteindre la cheville). En plus de s'ennuyer ferme, le film ne nous surprend jamais. Tout est calibré comme dans 80% des comédies américaines. On a tous les archétypes possibles. Le prétentieux qui va se prendre une raclée à la fin, le nerd amoureux d'un avion de chasse qui va la séduire en "étant lui même", le type découragé qui abandonne pile au moment ou a besoin de lui, et qui finit par revenir en héros pour sauver ses potes.... BREF ! Que du déjà vu. Il aurait fallut inclure un père de famille absent qui rend son fils triste parce qu'il ne vient jamais voir ses matchs de base-ball et on aurait eu l'intégral des pires clichés des comédies américaines depuis les années 90.
La seconde raison pour laquelle je n'ai pas aimé ce film, c'est pour le message qu'il véhicule. Quand je parlais de propagande plus haut, ce n'était pas une figure de style. On a véritablement affaire à une énorme campagne de marketing. Les personnages du film ont l'air de trouver cet environnement de travail absolument génial. Mais personnellement, ce genre d'ambiance me débecte. OK, ils ont des toboggans et des terrains de beach volley. Mais l'univers décrit dans le film m'a plutôt fait pensé à celui d'une secte que d'une entreprise. Avec ses règles, son jargon, ses prêtres. Les gens dorment dans des lits Google, mangent de la bouffe Google, se déplacent dans des voitures Google. On dirait que Google est l'épicentre de la vie des employés. Même leur temps libre, ils le consacrent à leur bienveillante entreprise. Quand les personnages du film décident de prendre une cuite, c'est pour finalement aboutir au développement d'une application Google ! Je vomis littéralement tout ce qui est "glorification du travail", "american dream", "quand on veut on peut" et toutes ces conneries... Ça doit être mon petit côté procrastinateur et ça n'engage que moi.
La publicité pollue suffisamment mon environnement comme ça. Si elle commence à s’immiscer de façon si grossière dans mon art préféré, ça va pas le faire !