Ce qui est bien pour les cinéastes, avec Denis Ménochet, c'est qu'il n'y a pas besoin d'insister sur la psychologie du personnage qu'il interprète : cela doit être dû à son physique imposant mais impossible de l'imaginer autrement que taiseux, opiniâtre et un peu fruste mais avec un cœur d'or. Ce n'est pas une critique vis-à-vis d'un comédien qui peut être génial (Jusqu'à la garde, Peter von Kant, As Bestas) mais force est de constater qu'il est dans un emploi qu'il connait bien dans Les Survivants, en homme blessé et asocial, qui va aider une migrante afghane à traverser la frontière franco-italienne. Cette dernière est parfaitement jouée par Zahra Amir Ebrahimi, justement récompensée à Cannes pour son rôle dans Les nuits de Mashhad. Très minimaliste dans sa structure narrative, malgré l'arrière-plan social, Les Survivants peut se résumer à une course-poursuite dans la neige des Alpes, un western qui atteint parfois des sommets de violence et se révèle chiche en informations ou explications. Le film est malgré tout efficace et bénéficie de beaux plans montagnards (le tournage a dû être éprouvant) mais la rareté de ses dialogues et, surtout, la présence d'une musique souvent envahissante, dans le registre dramatique, limitent l'intérêt porté à ce premier long-métrage de Guillaume Renusson.