Les survivants est le premier long métrage de Guillaume Rénusson et ce premier opus est vraiment prometteur. S'il semble hésiter entre film social et film d'action, le réalisateur nous livre avec beaucoup de maîtrise une histoire poignante autour du drame des réfugiés dans les Alpes. A l'appui d'un solide travail documentaire, le film évoque l'opposition, très réelle et très frontale, entre "no-borders" venant en aide aux réfugiés et "identitaires" d'extrême droite qui se constituent en milice d'autodéfense. Au milieu de cette bataille, il y a cette jeune afghane qui a fui son pays après la prise de pouvoir des Talibans. Seule et vulnérable, elle souhaite rejoindre la France pour retrouver son mari. Elle croise par hasard Samuel, un quadra dépressif qui entendait se mettre au vert dans son chalet après la mort de sa femme. Dans un réflexe de solidarité et d'humanité fondamentale, Samuel va lui venir en aide pour traverser le col pour passer la frontière. Sans imaginer que leur périple se transformera en une véritable chasse à l'homme et une lutte pour la survie.
Le premier long de Rénusson a certes quelques défauts. On peut pointer un scénario un brin manichéen, des méchants légèrement caticaturaux une mise en scène un peu trop démonstrative et quelques scènes d'action superflues. On aurait également aimé que la dimension psychologique des personnages soit davantage exploitée. Néanmoins, le réalisateur parvient à magnifier le jeu des deux acteurs principaux et nous permet, une fois encore, de constater à quel point Denis Ménochet est un très, très grand acteur. Le couple qu'il forme à l'écran avec Zahra Amir Ebrahimi est fort et touchant. De leur relation intime et digne se dégage de véritables moments de grâce et d'émotion. Mieux encore, Rénusson a conféré une profondeur humaine assez rare à ses protagonistes. Visiblement le réalisateur a plus d'une corde à son arc et beaucoup de talent. Les survivants est un
beau premier film et donne vraiment envie de découvrir la prochaine œuvre du jeune cinéaste. Si possible expurgée de certaines scories qui empêchent aux Survivants d'atteindre sa vraie dimension cinématographique.