Une fois encore, la bande annonce m'avait mis en appétit, et l'idée d'aller voir Les Témoins m'était très agréable jusqu'à ce qu'un ami ne détruise tout en me lâchant au téléphone un « écoute, c'est tellement bizarre que je ne sais même pas si c'était pas mal ou totalement pourri ». Ca en dit long...
Sans pour autant affirmer la seconde hypothèse, je ne peux pas soutenir la première. Disons que le film n'est pas une réussite, soyons diplomates. Je suis fatalement un peu déçu par Téchiné, mais je pense qu'il s'en remettra. Michel Blanc n'était pas au meilleur de sa forme, un peu mou, et après la prestation fournie dans Je vous trouve très beau, on a tendance à le trouver fade dans ce rôle là. Emmanuelle Béart est horrible, elle fait peur, on dirait Adjani. « Mais je ne suis pas folle vous savez ». Enfin, le jeune Libéreau découvert dans Douche froide, qui s'annonçait prometteur, se révèle ne pas être si bon acteur que ça, peu convaincant. Et puis même pas si mignon. Le moins pire reste Sami Bouajila, mais il ne relève pas le film en jouant gauchement un flic bisexuel open.
Alors du coup, quand un film ne passionne pas, et qu'on n'a pas envie de dormir pour autant, on s'attache à plein de détails, on prépare sa critique. Et s'il y a un truc qui me fâche dans les films, c'est bien l'amateurisme. Je vous explique. L'histoire est censée se tenir en 1984-85, et du coup on nous refile un effet « vieux film » sur la pellicule, qui n'est absolument pas nécessaire. Le montage est également érratique, à se demander si c'est voulu, ou si le montage en post-production a été confié à un atelier de non voyants.
Et puis, surtout, il y a plein de non sens. En 1984, on n'avait pas le LCL, on n'avait pas la Clio 2, ni le pass Navigo dans les bus. En 1984, les draps de l'Assistance Publique – Hôpitaux de Paris n'étaient pas estampillés « 2006 ». Et on n'avait pas beaucoup plus les dernières fenêtres double vitrage de Mr Bricolage. Alors je sais que ce ne sont que des détails, mais quand le film n'arrive pas à exister par son histoire, on est forcément attentif aux détails. Et ça fait con, c'est juste ça.
Pour finir, le scénario, l'arrivée du SIDA, cet amour platonique d'un vieux pédé célibataire pour un jeune pédé provincial, ces nuits dans les bois parisiens qui rassemblent presque autant de monde qu'une Gay Pride, ce bébé, ce flic bisexuel, cet écrivain raté, ... ce film. Etait-ce nécessaire ?