Antoine (G.Depardieu) arrive à Tanger en espérant fermement reconquérir son amour de jeunesse (C.Deneuve) qui l'a quitté il y a trente ans déjà mais auquel l'homme d'affaires est resté à jamais fidèle.
On apprécie particulièrement la composition sans éclat et modeste, intériorisée, de Depardieu et la résolution chimérique de son personnage. Car Cécile a rangé ce dernier au rayon des souvenirs.
Cette idée initiale de la "reconquête" n'est pas sans intérêt ni romantisme, d'autant que les personnages sont bien écrits, sont justes; mais André Téchiné ne parvient pas à donner une touche sensible ou émouvante à ces temps qui changent et aux sentiments qui restent. On est ici dans un cas de figure plus théorique qu'émotionnel. Conjointement, parce que la relation entre Cécile et Antoine n'est pas tout le film, Téchiné relate les rapports plus ou moins harmonieux que Cécile entretient avec sa famille, chacun de ses membres faisant l'objet d'une attention particulière de la part du cinéaste.
La qualité des portraits et le talent des interprètes, la vitalité du récit que lui confèrent un montage tonique et l'animation de Tanger sont déterminants pour surmonter le caractère anecdotique du sujet et une certaine intellectualité toujours attachée au cinéma de Téchiné et de son co-scénariste Pascal Bonitzer.