Je t'aimais, je t'aime et je t'aimerai ( hélas pour moi )

Atteindre un tel niveau de médiocrité et de ridicule romanesque tient pratiquement de l'exploit, tant le film de André Téchiné semble volontairement tout faire pour exaspérer son audience. D'emblée l'image en mouvement permanent rebute, les ressorts narratifs désintéressent et l'écriture à l'emporte-pièce consterne. Ressemblant plus à une caricature qu'à autre chose Les Temps qui changent dépeint des personnages sans saveurs débitant des dialogues sonnant complètement faux, d'une banalité absolument désolante... Il reste le sentiment d'une écriture verbeuse qui aurait à la rigueur pu passer sur le papier mais qui dessert ici totalement les acteurs et le scénario. C'est plat, grotesque et ampoulé par-dessus le marché.


En outre la réalisation de Téchiné multiplie les effets pompeux et tapageurs, accouplée à une photographie complètement tarte à regarder. D'une laideur absolu le visuel du film est une véritable calamité, sorte de concept post-moderne parsemé de passages expérimentaux totalement incongrus.


Parlons à présent des acteurs, pourtant prestigieux pour la plupart, mais qui s'avèrent ici trop souvent ridicules ou rébarbatifs : Gérard Depardieu y joue un amoureux transi tout à fait pathétique, faisant l'effet d'une crevette dépourvue de dignité... Hormis le sentiment que l'acteur semble faire un vulgaire test de lunettes pour Afflelou son charisme est ici réduit à néant. Sinon Catherine Deneuve confirme notre impression d'assister à une caricature de film d'auteur, hystérique et roulant des yeux pour mieux combler du vide : son personnage est à claquer, puisque l'actrice ne semble aucunement convaincue des tenants et des aboutissants de ce drame hautement dramatique. Le summum du grotesque revient sans doutes à Gilbert Melki, absolument pas crédible en médecin qui passe son temps entre la piscine et les prescriptions d'ordonnance, et ce avec un naturel sans demi-mesure !


Dans le genre fiasco cinématographique on se rapproche gentiment du Jour et la Nuit d'un certain BHL, tant l'absence de second degré et la prétention latente dudit film évoquent la romance fadasse du navet sorti en 1997. Le visionnage des Temps qui changent nous laisse osciller entre un agacement notoire et des moments de franche marrade, et finalement assez perplexes quant à ce qu'il advient désormais de l'auteur du superbe Hôtel des Amériques. Accablant.

stebbins
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le 4 août 2015

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