Premier long-métrage de fiction hondurien (tourné en 1983 mais montage post-mortem finalisé en 2001), d'une facture assez déstabilisante, au bricolage très amateur lors de certains points d'orgue du récit, pas loin de recourir aux raccourcis narratifs d'un William S. Hart !!! (l'abrupt drame sanglant chez Eduardo, le zigouillage de Fidencio qui résistait au tout-puissant propriétaire, sortant un prodigieux "vous m'avez tué !" en tombant au sol le couteau dans le bide !, la gesticulation de Lorenzo face au même Don Calixto, avant de s'en mettre une hors champ...), où l'essentiel évoque une pratique du cinéma remontant aux années 60 ! Déstabilisant donc, mais si l'on prend soin de dépasser ces maladresses, et les lourdeurs caricaturales dans la typologie des personnages, le film manifeste un certain charme et brosse méticuleusement de nombreux travers de la société hondurienne (accaparement agraire abusif par les puissants, racisme des gringos à l'égard des "indiens", paternalisme / virilisme / méga-machisme / homophobie, arrogance de la bourgeoisie, conformisme social, fuite des capitaux, faiblesse de l'Etat face au bras-de-fer déloyal des capitalistes US, corruption des fonctionnaires: tant maire que ministre, polarisation sur le mode de vie des USA, l'Eglise toujours du côté des...puissants !).
Certaines séquences dans la brousse avec les vachers, ou plans réalistes sur le travail des clôtures, visages, sont assez beaux. Caricatural dans la forme mais sans doute pas très loin de la vérité.