Des têtes qui ne donnent pas envie de faire la gueule

Franck Dubosc est un garçon sympathique mais un comédien très limité qui joue le même personnage depuis bientôt vingt ans, sur scène comme à l'écran. De plus, s'il a le pif pour les succès populaires, ceux-ci sont rarement synonymes de qualité : ainsi, je ne sauverais que Incognito et Les Seigneurs dans sa filmographie excessivement médiocre - et encore, en ayant conscience qu'objectivement ces deux longs sont difficilement défendables, mais on a tous nos moments de grande indulgence, surtout quand vient l'heure du plateau télé lors d'un dimanche de janvier solitaire.
Les têtes de l'emploi fait donc figure d'exception notable dans le parcours de cet artiste honnête et drôle (en tout cas du temps de son one-man J'vous ai pas raconté ?) mais devenu lassant à force de ne pas parvenir à sortir de son registre. Car il marque sa première participation à un vrai bon film.


La bande-annonce, qui met en avant les grosses vannes, promet un simili navet tendant une perche généreuse que ne manqueront pas de saisir les adeptes du "à tous les coups c'est encore une bouse, de toute façon en France on fait que de la merde, c'est les ricains les meilleurs". Mais elle est trompeuse.
Car derrière cette comédie où l'on rit souvent se cache un versant dramatique dont la noirceur désespérée est presque déroutante (tant on ne l'attend pas dans ce qui ressemble au premier abord à une énième comédie un peu grossière), ainsi qu'une dimension sociale engagée (qui défend par exemple la cause des handicapés et autres inadaptés aux règles ségrégatives du monde du travail), un joli traitement psychologique des personnages (pas forcément très subtil, mais efficace dans les émotions qui affleurent) et une critique à charge du monde de l'entreprise (ANPE en tête).


Malgré les apparences et les préjugés, il ne s'agit donc pas d'une nouvelle farce facile et bas de plafond, mais bel et bien d'une comédie dramatique drôle et très touchante, plutôt bien léchée visuellement, dont le casting riche et imparfait apporte jusque dans ses faiblesses une fraîcheur ravissante.

AlexandreAgnes
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le 19 nov. 2016

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Alex

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