Les Tortues Ninja est l’œuvre de Steve Barron, un excellent technicien connu pour ses clips comme Billie Jean ou Take on me. Ce réalisateur a souvent collaboré avec les célèbres studios de Jim Henson sur des séries comme Monstres et Merveilles. Il était donc logique de le retrouver à la tête de cette adaptation du comics Teenage Mutant Ninja Turtles de Kevin Eastman et Peter Laird dont les effets spéciaux étaient signés par la Jim Henson Company, firme créée par le père du Muppet Show et Dark Crystal.


Les Tortues Ninja n’est pas une oeuvre conçue au sein des grands studios. En effet, on retrouve en qualité de producteurs, un conglomérat de petites structures spécialisées dans la série B. Ainsi, une partie des capitaux provient de Hong Kong et de la vénérable Golden Harvest connue pour ses films avec Jackie Chan et Bruce Lee. Alors que le film est en cours de production, il n’a toujours pas de distributeur pour le marché américain. Néanmoins le studio New Line décide de sortir le long-métrage de Barron alors que les mastodontes du milieu comme la Warner ou la Fox l’ont refusé. Spécialisée dans le cinéma d’horreur, la firme souhaitait élargir son audience avec une franchise populaire chez les enfants grâce au dessin animé adapté de la BD. À l’époque, les dirigeants de New Line avaient bien conscience que les résultats économiques du studio étaient trop dépendant de la série de films autour de Freddy Krugger. Avec ses 140 millions de dollars au box-office, Les Tortues Ninja est un carton qui permettra à New Line de grandir et de produire quelques années plus tard un blockbuster digne des plus grandes majors avec le Seigneur des anneaux.


Le film de Steve Barron a marqué à l'époque nombre de ses spectateurs dans l’hexagone grâce à son doublage. En effet, lors de sa sortie en 1990, nous avions eu le droit en français à des dialogues plus vulgaires et tendancieux que dans la version originale. Malheureusement cette VF disparaîtra lors des premières éditions du film sur supports numériques et sera remplacée par une version a priori québécoise beaucoup trop sage. Ce choix conduira de nombreux fans à télécharger sur le Web une version illégale offrant la VF d’époque. Bonne nouvelle ! Que ce soit la nouvelle édition en DVD et Blu-ray chez Metropolitan ou bien la copie disponible sur Amazon prime, c’est bel et bien la VF d’origine qui est disponible. Je vous invite donc à regarder le film en français pour plus de fun !


Quand on revoit le film, on est charmé par ses effets spéciaux à l’ancienne. Ils sont en effet très réussis alors que le budget du film n’était que de treize millions de dollars. Il suffit de voir le rat nommé Splinter s’animer devant nos yeux pour se dire que les techniciens de Jim Henson arrivent à insuffler plus de vie aux héros des Tortues Ninja que l’armée d’informaticiens réquisitionnés pour la version produite par Michael Bay en 2014. Pour donner vie à nos 4 tortues, Barron utilise des acteurs dans des costumes. Néanmoins certaines parties de leur corps comme la tête sont animées par des marionnettistes. Ça fonctionne très bien à l’écran, surtout dans les combats qui sont très dynamiques. Il faut ici souligner le travail sur les expressions faciales de nos tortues qui nous fait immédiatement oublier que nos héros sont en latex.


Du côté de la réalisation, il faut souligner une fois encore le super boulot effectué par Steve Barron. Ses images sont soignées et les séquences tournées sous une pluie battante sont splendides. Sa mise en scène est ici vraiment dynamique et met parfaitement en valeur les décors du film qui auraient pu paraître minuscules avec un cinéaste nettement moins doué en matière de construction de l’espace. À l’opposé d’un Jonathan Liebesman sur la nouvelle version des années 2010, Barron ne prend jamais son sujet de haut. Il n’est jamais cynique et tourne son film avec le plus de sérieux possible. Il est même étonnant de voir dans une oeuvre destinée à la jeunesse, des héros qui subissent des revers, se blessent et risquent véritablement de mourir. Enfin, le long-métrage prend place dans un New York nullement aseptisé où la violence règne avec ces gangs composés de jeunes embrigadés par le méchant de l’histoire Sheredder. A ce titre, la manière dont les adolescents sont enrôlés rappelle beaucoup le passage dans le pays des jouets dans Pinocchio.


Concernant le casting, on est surpris de retrouver dans un film familial l’excellent Elias Koteas surtout connu pour ses rôles troubles dans le cinéma d’auteur canadien comme dans Crash de Cronenberg et Exotica d’Atom Egoyan. On retrouve également dans le film Sam Rockwell qui se fera un nom ensuite dans les longs-métrages de Tom DiCillo, Adam McKay ou Woody Allen.


Porté par une VF fendart, ce divertissement plus que sympathique est à revoir sur Amazon Prime Vidéo : Lien


Mad Will


Retrouvez la critique originale sur le site Chacun Cherche Son Film.fr : https://chacuncherchesonfilm.fr/actualites/808-seance-cowabunga-les-tortues-ninja-de-steve-barron

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le 11 févr. 2020

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