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Il suffit que Behind écrive, dans son billet causant de A Couteaux Tirés, que le genre whodunit était passé de mode... Pour que Régis Roinsard s'en empare rapidement à son tour avec Les...
le 29 janv. 2020
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Il suffit que Behind écrive, dans son billet causant de A Couteaux Tirés, que le genre whodunit était passé de mode... Pour que Régis Roinsard s'en empare rapidement à son tour avec Les Traducteurs...
C'est que cela doit être un plaisir de contredire le masqué...
L'opus précédent de l'ami Régis, Populaire, Behind l'avait bien aimé, et pas seulement parce qu'il y avait la jolie Déborah François dedans. Il était donc confiant au moment d'acheter son billet à la caisse de son cinéma préféré.
Et le plaisir fut effectivement au rendez-vous... Doublé d'une certaine surprise, pour tout avouer.
Car Régis Roinsard utilise tout d'abord un artifice identique à celui que Rian Johnson mettait en scène. Car à mi-parcours, il lève l'énigme du Qui ? en vendant la mèche concernant l'identité de son coupable, sans doute conscient que le scénario qu'il met en images tournerait rapidement à vide, au vu des mesures de sécurité déployées dans le bunker, s'il ne sortait pas du ghetto de son huis-clos.
Les Traducteurs emmènera donc son public ailleurs pour répondre à la question du Comment ?. Et plus particulièrement sur le terrain
du film de casse,
tout en s'autorisant une référence à la poursuite de French Connection, afin de déployer un plan peut être inutilement alambiqué pour tromper.
Mais le film arrive pourtant à conserver son souffle haletant et à maintenir l'intérêt du spectateur, qui ne voit pas le temps passer. Comme quand il avale en une soirée les cinq cents pages du bouquin qu'il a entamé parce qu'il brûle de connaître le fin mot de l'histoire.
Les Traducteurs fait donc exactement le même effet que le bouquin sur lequel il prend appui, sans doute issu d'une saga à la Millénium mâtiné, pour le côté événementiel, à la hype qui avait été provoquée par un auteur comme Dan Brown.
Jusqu'à ce que Régis Roinsard change encore une fois de braquet en abordant la question du Pourquoi ? en lorgnant ouvertement, cette fois-ci du côté de *
Usual Suspect***
, dont la clé de voute se prête à merveille au milieu littéraire et de l'édition.
Une telle variété fait énormément de bien au film et fait facilement oublier qu'il est parfois pas super vraisemblable. Mais le spectateur aborde chacun des aspects du long métrage avec un plaisir de chaque instant. D'autant plus que l'aspect claustro du film se double d'un discours assez cinglant concernant l'aspect marketing, la capitalisation et la marchandisation des oeuvres de l'esprit étranglant l'élan créatif d'un auteur érigé comme nouvelle poule aux oeufs d'or que l'on exploite jusqu'à épuisement du filon. A ce titre, la partition de Lambert Wilson, érigé en salaud intégral, glace le sang.
Les Traducteurs sonde enfin le lien intime entre l'auteur et son oeuvre qui, nécessairement, lui échappe, que ce soit dans sa traduction et son exploitation, son impact sur le public et sa pérennité. Là réside toute la surprise du film : déjouer ses attentes de simple huis-clos claustro pour offrir un discours inattendu.
Le charme opère donc à plein, faisant de ces Traducteurs un film d'une redoutable efficacité.
Behind_the_Mask, qui a la bosse de l'écrivain, même s'il écrit sur traitement de texte...
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le 29 janv. 2020
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