Une comédie québecoise, c'est presque toujours l'assurance d'une bonne tranche de jubilation, en même temps qu'une vision acide et désinhibée de la condition humaine. Les Tricheurs de Louis Godbout n'aspire pas à autre chose, respectant la règle théâtrale des trois unités, tout au long d'un parcours de golf, arpenté ^par quatre protagonistes. 18 trous et des relations qui s'affinent, vers la noirceur, évidemment, avec des éléments dramatiques qui se révèlent et le soupçon que la partie va se terminer de façon bien peu orthodoxe. Entre accidents de voiturettes, gestes mal maîtrisés de nos sportifs amateurs et irrespect des règles censées prévaloir sur le gazon, le film engrange les gags pour dissiper l'ambiance de plus en plus amorale et délétère. L'humour noir et méchant est appréciable mais le film ne décolle pas, en dépit de quelques trouvailles (la marmotte) et de flashbacks fulgurants. Peut-être que le personnage le moins antipathique, celui de la professeure de yoga sexy, aurait pu être davantage au centre d'une intrigue trop volatile pour convaincre. Le film a mis près de deux ans à être distribué sur les écrans français et encore de manière très chiche. Trop difficile à ranger dans une catégorie bien précise, peut-être, dans notre pays où le golf conserve toujours une image élitiste, contrairement aux contrées anglo-saxonnes, notamment.