Les Triplettes de Belleville par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Champion est un petit garçon qui s'ennuie dans l'atmosphère d'une vieille maison située au ras d'une voie de chemin de fer. Son vrai compagnon est son gros chien bedonnant, Bruno, un brave animal pas bien courageux. Madame Souza, la tante de "Champion", fait ce qu'elle peut afin qu'il puisse s épanouir et se divertir, mais n'y parvient pas. "Champion" n'a qu'un rêve, un rêve secret, il collectionne en cachette les photos des as du cyclisme qu'il découpe consciencieusement dans les journaux. Madame Souza parvenant un jour à percer ce mystère décide d'acheter un vélo au gamin. Pour celui-ci, la vie va alors complètement changer et de plus se compliquer singulièrement.


Madame Souza, retrouvant une seconde jeunesse, oblige "Champion" à suivre un entraînement intensif voire draconien afin de participer un jour au Tour de France. Effectivement, il sera bien au départ de l'épreuve, mais sera-t-il à l'arrivée?
Et bien non, car notre cycliste en herbe sera kidnappé avec d'autres coureurs par des mafieux. Ils seront alors embarqués dans la cale d'un cargo, destination l'Amérique. Madame Souza et le chien Bruno partent sur place à la recherche de "Champion" et trouvent des alliées inattendues: les fameuses "Triplettes de Belleville", anciennes danseuses de music-hall complètement déjantées.


Je suis véritablement tombé sous le charme de ce dessin animé . Il nous transporte dans un univers grisâtre, d'un calme presque angoissant. L'enfant est gros, triste et introverti. Son chien Bruno lui ressemble presque. Sa seule occupation est d'aboyer après les trains, il est vrai très nombreux, passant devant sa fenêtre. Madame Souza, vieille femme laide et engluée dans son petit train-train ordinaire, veille sur la triste destinée de ces deux créatures.


Tout à coup, c'est l'explosion, le vélo est arrivé! L'entraînement est dur et fastidieux sous les coups de sifflets à roulette de Madame Souza, manager improvisée. Le départ du Tour arrive et les muscles sont tendus. Malheureusement "Champion", en compagnie de quelques autres, fait parti des attardés du peloton et une mafia veille sur eux. C'est alors que l'Amérique apparaît à Champion au travers d'une salle de jeux quelque peu spéciale, dans laquelle des paris se font sur quelques coureurs dopés et martyrisés, installés sur des home-trainers. Si la mafia veille, Madame Souza et Bruno aussi . Perdus dans la grande ville, ils font alors connaissance des" Triplettes de Belleville" , trois mangeuses de grenouilles, comme les français. Elles vont héberger la tante et le chien à leur façon, très particulière. Puis les recherches pour retrouver Champion et arrêter les affreux trafiquants vont commencer et vont se dérouler dans une véritable folie de fusillades et de courses-poursuites.


Ce qu'a réalisé Sylvain Chomet atteint le sublime en matière de dessins animés. On ressort complètement ébahi d'un tel déluge d'aventures inattendues, de gags dans lesquels se retrouvent un flot d'ironie, de trouvailles, de clins d'œil et de folie. Tout est passé en revue en matière de cyclisme: la mafia, le dopage, le peu de cas fait des coureurs et la déchéance pour les moins forts, ceux que l'on appelle les anonymes du peloton. Les dessins sont tout à fait surréalistes et d'une splendeur absolue. Ils font ressortir à merveille les sentiments des personnages presque muets et l'atmosphère de cette histoire d'une manière fort drôle mais également émouvante et subtile. De plus cette folle équipée est rythmée par une musique jubilatoire de Benoît Charest et M avec une interprétation déchaînée des "Triplettes de Belleville" façon 78 tours, et croyez-moi, celle-ci vaut son pesant d'or!


Ne manquez surtout pas ce petit chef-d'œuvre de Sylvain Chomet car vous passeriez à côté d'un grand moment de folie, de tendresse et d'humour.

Créée

le 12 mai 2014

Modifiée

le 20 mai 2013

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