Par un jour morne et gris d'automne, un de ces jours ou un brouillard compact recouvre tout, ou la pluie tombe sans discontinuer, ou le moral n'est déjà pas bien haut, vous pourriez avoir l'idée, subitement, histoire de vous remettre un peu d'aplomb, de regarder un film d'animation. Un conseil : ce jour maudit, ni même les autres, ne jetez pas votre dévolu sur "Les Triplettes de Belleville", sous peine de faire naître une irrépressible envie de vous défenestrer. C'est certainement l'une des choses les plus ignobles qu'il m'ait été donné de voir. Alors OK, je suis d'accord, il faut défendre l'exception culturelle française, l'animation ne se résume pas à Disney ou Pixar, blablabla... Ouais enfin quand c'est nul, c'est nul, et c'est tout, parfois faut pas chercher plus loin ! Je ne comprendrai jamais ce qu'on peut trouver à ce film : les personnages ont des gueules de cockers qui te dépriment d'entrée, ils bougent comme s'ils étaient fabriqués en chewing-gum fondu, leur gestuelle est lente et dégoulinante, l'histoire est chiante, longue, pour ne pas dire interminable, et l'atmosphère... Mon Dieu, je crois que c'est le pire, non seulement parce qu'elle oscille sans cesse entre le sombre et le malsain, mais aussi parce qu'ils ont eu la fausse bonne idée de faire un film muet. Là, la torture atteint son paroxysme, l'angoisse vous prend aux tripes pour ne plus vous relâcher (c'était le but, vraiment ?). Parfois, des sons, des onomatopées viennent vous tirer de votre torpeur, mais c'est encore pire en fait, on croirait avoir affaire à des héros qui sortent tous d'un hôpital psychiatrique, ou peut-être qu'ils y sont encore, finalement, et qu'ils se tapent un gros trip jazzy. Non, non, croyez-moi, "Les Triplettes de Belleville" ne vous apporteront rien, à part une heure et quelques de souffrance, de cage thoracique comprimée, et un état d'hébétude avancé étrangement proche de celui que l'on ressent devant un épisode des Télétubbies.