Donald reçoit d’Amérique du Sud trois cadeaux qui l’emmènent visiter les pays qu’il n’y connait pas, et de découvrir leur culture.
Le succès de Saludos Amigos fit malheureusement découvrir à Walt Disney qu’en cette dure période de guerre et face aux difficultés économiques que son studio traversait, il était aussi judicieux pour lui de délaisser la production de longs-métrages couteux au succès incertain pour se tourner vers la production de compilation de courts-métrages, qui s’avérait beaucoup plus rentables. C’est donc tout naturellement qu’il lance une suite à Saludos Amigos, toujours sous la direction de Norman Ferguson.
Malheureusement, le résultat s’avère encore plus inégal que le précédent film, Les Trois caballeros souffrant d’un déséquilibre irrémédiable, le film commençant par deux courts-métrages fort sympathiques et très drôles puis continuant en une succession ininterrompue de numéros musicaux dans lesquels Donald et ses amis traversent des paysages et rencontrent des personnes bien réels. C’est en effet là qu’est la supériorité des Trois caballeros par rapport à son prédécesseur : au lieu de faire des transitions en images réelles entre deux courts-métrages, l’animation est mêlée à ces images d’une manière particulièrement réussie.
N’ayant plus utilisé cette technique depuis les Alice Comedies des débuts du studio, Walt Disney et son équipe effectuent ici une prouesse technique qu’il convient de saluer (qu’ils réitéreront en mieux par la suite, notamment dans l’inoubliable séquence animée de leur chef-d’œuvre Mary Poppins). C’est d’ailleurs la seule chose qui permettra de tenir devant une deuxième moitié au psychédélisme étonnant, terriblement longue et répétitive, mais qui bénéficie d’une incrustation des images animées aux images réelles d’une perfection de tous les instants.
Le fait d’avoir transformé Donald en coureur de jupons invétéré fit sortir les pervers de service de leur coquille, accusant le film de sous-entendus qu’on m'excusera de refuser de voir dans une œuvre trop innocente pour être vraiment malsaine. Il est toutefois difficile de leur dénier le fait que la frénésie séductrice dont est pris Donald alourdit inutilement le film, déjà guère aidé par une trop grande prédominance de morceaux musicaux peu intéressants.
Pour autant, il ne faut pas oublier le contexte de sortie de ce film qui sortit à un moment où le monde avait les yeux tournés vers un des conflits les plus sanglants de l’histoire. A sa manière, Walt Disney ne cherchait par ce film qu’à proposer une distraction qui détournerait momentanément le regard de son public des atrocités qui étaient devenus son lot quotidien, et à ce niveau, il faut dire qu’il ne rate pas tout-à-fait son coup. Seulement, aujourd’hui, on a tellement de films bien meilleurs à se mettre sous la dent que ces Trois caballeros, outre un long délire coloré et psychédélique, n’a guère d’autre intérêt pour le spectateur contemporain que ses prouesses techniques qui laissèrent leur marque dans l’histoire du cinéma, et qui restent aujourd’hui impressionnantes à regarder.