Jamais je ne regretterai d'avoir consacré 1 h 50 de mon existence (1 h 42 en ôtant le générique de fin) à cette grande et belle adaptation des Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas. Avant toute chose, je tiens à remercier Anilegna et Ugly, dont les critiques m'ont donné envie, pas plus tard qu'hier, de regarder ce film dont j'avais assez peu entendu parler. Je suis pourtant un admirateur de Paul W. S. Anderson : j'ai vu tous les Resident Evil - les trois qu'il a réalisés et les deux autres sur lesquels il est scénariste et producteur - et je compte les jours qui me séparent de la sortie du Final Chapter (plus que 19 !). J'ai vu aussi Alien vs. Predator que j'ai bien kiffé, Death Race que j'ai bien kiffé aussi, et Pompéi que j'ai bien kiffé comme vous pouvez vous en douter.
Sorti en 2011, Les Trois Mousquetaires se veut donc une adaptation, assez libre j'imagine, du plus célèbre roman de cape et d'épée de toute la littérature. Assez libre, dans le sens où il y a non seulement des capes et des épées, mais aussi des bateaux volants, des mitrailleuses lourdes (d'allure rétro bien sûr), des combats chorégraphiés ninja-style (quelque part entre Matrix et Fist of Legend), des scènes de cambriolage dans des galeries piégées (clins d'œil à Resident Evil et Haute voltige), le château de Versailles sous Louis XIII, des costumes chatoyants (pas d'époque), des gadgets astucieux (pas d'époque), des répliques bien senties (pas d'époque)... Bref, du grand n'importe quoi certes, mais avant tout de l'action, de l'amour et de l'humour !
En ces temps où les super-héros hollywoodiens nous bassinent avec leurs doutes existentiels, où la moindre apparition d'un vaisseau alien plonge l'humanité dans la dépression nerveuse, et où même le dernier rejeton de la franchise Star Wars nous explique que la guerre, c'est moche et ça tue, Paul W. S. Anderson s'impose ici comme l'un des derniers chantres du cinéma-spectacle sans prise de tête. Franchement, merci pour ce bon moment !
Les Trois Mousquetaires est aussi l'occasion de revoir de vieux copains, et de se faire de nouveaux amis. Certains régalent, d'autre agacent :
- Milla Jovovich est Milady : sexy et badass comme à l'accoutumée, elle sourit à la caméra pour la première fois depuis... depuis des années. Merci à M. Anderson, qui en a fait sa femme en plus de sa muse, de lui permettre de poursuivre avec tant de brio sa belle carrière !
- Logan Lerman est d'Artagnan : à peine moins pénible que dans les Percy Jackson, il campe un cadet gascon tout juste pubère avec sa suffisance désormais coutumière.
- Orlando Bloom est le duc de Buckingham : machiavélique comme seuls les Anglais savent l'être, il confirme son aisance dans des rôles de personnages arborant une moustache.
- Christoph Walz est le cardinal de Richelieu : fourbe et manipulateur, il achève ici, après The Green Hornet, de poser les bases du jeu d'acteur qui est désormais sa marque de fabrique, à base de petits sourires, d'yeux levés au ciel et de phrases prononcées à demi-voix avec un accent allemand.
- Matthew McFayden est Athos : une bonne surprise de la part de cet acteur que je ne connaissais pas, qui incarne assez justement le vieux mousquetaire hanté par ses erreurs passées.
- Ray Stevenson est Porthos : quel plaisir de le retrouver, dans un rôle de brute sympathique exactement identique à celui qu'il tenait dans la regrettée série Rome ! Titus Pullo rules!
- Luke Evans est Aramis : révélé par la suite dans Le Hobbit, Fast & Furious 6 et 7 et Dracula Untold, il s'en sort relativement bien dans la peau du moins valorisé des mousquetaires.
- Mads Mikkelsen est le comte de Rochefort : avant qu'il ne devienne l'un des acteurs les plus surcotés de notre époque, il livre dans ce rôle de sous-boss classique une performance sans intérêt.
- Freddie Fox est le roi Louis XIII : cet acteur (de moi) inconnu incarne correctement un souverain jeune, naïf et aisément manipulable.
Bref, après avoir vu ce film massacrer allègrement le matériau d'origine et l'histoire de France, mais offrir en compensation un spectacle épique, sans temps morts et surtout très second degré, je suis tiraillé entre deux extrêmes à l'instant d'attribuer une note. Comme le proverbe dit qu'en toute chose il faut savoir raison garder, je fais donc preuve de tempérance en mettant 5/10. En espérant qu'un producteur soit un jour assez fou pour mettre de l'argent dans la superbe suite que nous promet la scène finale !