Confier l’adaptation de légendes à Richard Lester présente l’intérêt non négligeable d’une attention portée à l’épaisseur de personnages qui semblent vivre pour de vrai, à l’écriture de dialogues truculents pleins de répartie et à un décalage comique à mi-chemin entre la jovialité enfantine et la parodie. Cependant, si l’entrelacs du premier et du second degré fera la réussite de Robin and Marian, sorti trois ans plus tard, il manque cruellement à ces Three Musketeers trop fripons et polissons pour convaincre. La mise en scène, soignée mais non rigoureuse, ne porte pas assez les trouvailles burlesques d’acteurs qui semblent constamment exagérer leurs attaques ; la caméra n’est pas assez mimétique des parades, des esquives, des feintes entreprises, si bien que ni l’historique ni l’esthétique ne prévalent, confondus et dégradés en une vaste mascarade costumée qu’écrase l’orchestre de Michel Legrand.
Il est terrible de reconnaître que la version proposée en 2011 par Paul W. S. Anderson, réalisateur souvent indigent, se montrera plus fidèle à la truculence et à la générosité du roman d’Alexandre Dumas que cette relecture anglaise poussive, sauvée par la complicité de ses comédiens.